Le ministre fédéral de la Justice, Rob Nicholson, a confirmé jeudi par voie de communiqué son intention de revenir à la charge avec un projet de loi visant à durcir les peines imposées aux jeunes contrevenants.

Ce projet de loi sera déposé après la reprise des travaux parlementaires, le 3 mars.

Si elles sont adoptées, les nouvelles mesures permettraient d'imposer des peines d'emprisonnement à vie aux jeunes contrevenants reconnus coupables de crimes graves et violents.

Actuellement, la peine maximale est de 10 ans pour des crimes graves comme des meurtres prémédités.

Toutefois, les provinces conserveraient la discrétion de déterminer l'âge auquel les jeunes contrevenants pourraient être passibles de peines normalement imposées à des adultes pour des crimes graves. Au Québec, les peines plus sévères ne peuvent être imposées qu'à compter de l'âge de 16 ans, alors que dans d'autres provinces, l'âge minimum est de 15 ans.

De plus, le ministre Nicholson souhaite lever l'interdit de publication qui touche l'identité des jeunes, estimant qu'un jeune trouvé coupable d'un crime violent ne devrait pas bénéficier de l'anonymat s'il est remis en liberté.

Les jeunes contrevenants de moins 18 ans devraient cependant purger leur peine dans des établissements pour jeunes seulement et non pas dans des pénitenciers pour adultes.

Interrogé par La Presse Canadienne, le lieutenant québécois de Stephen Harper, Christian Paradis, a toutefois rejeté la notion voulant que les conservateurs cherchent à imposer une approche punitive au détriment de la réhabilitation.

«On veut être en mesure de sévir de façon appropriée lorsqu'il le faudra, mais il n'y a rien de contradictoire avec le principe de la réhabilitation, a dit M. Paradis. Je pense que les jeunes peuvent être réhabilités, (...) mais malheureusement il y a des cas où ce n'est pas possible. Lorsqu'on parle de jeunes violents et récidivistes, dangereux pour la société, je pense qu'il faut s'ouvrir les yeux et sévir de façon appropriée.»

Les réactions négatives n'ont pas tardé à suivre la publication du communiqué du ministre Nicholson.

Le chef bloquiste, Gilles Duceppe, maintient que les conservateurs font fausse route en persistant dans l'approche punitive et rappelle que la démarche de réhabilitation préconisée par le Québec a fait ses preuves.

«Nous on a toujours privilégié la réhabilitation plutôt que l'attitude strictement punitive et on en voit les résultats: il y a moins de criminalité» juvénile au Québec, a-t-il fait valoir.

Quant à l'intention des conservateurs de permettre la publication de l'identité des mineurs remis en liberté après avoir commis des crimes violents, Gilles Duceppe émet de sérieuses réserves, rappelant que cette démarche a déjà mené à des assassinats dans certains cas.

De son côté, le chef libéral Michael Ignatieff a accusé les conservateurs de remettre de l'avant des mesures plus draconiennes en matière de justice criminelle dans le seul but de mousser leur popularité.

«Chaque fois qu'ils sont en difficulté, ils introduisent des mesures de justice criminelle parce qu'ils croient que c'est payant, a dit M. Ignatieff. Ca c'est la première constatation. Deuxième constatation: c'est qu'ils ont fermé le Parlement avec un grand nombre de projets de loi sur la justice qu'ils ont laissé tomber. Alors est-ce qu'ils sont sérieux sur les questions de justice criminelle? (...) Je crois que non.»

Pour sa part, l'Association des centres jeunesse du Québec maintient son opposition à cette démarche.

La directrice des services aux jeunes contrevenants du Centre jeunesse de Montréal, Michèle Goyette, a expliqué à La Presse Canadienne qu'aucun argument ne justifie cette approche.

«Au Québec, il n'y a rien qui nous indique une recrudescence de criminalité grave, a-t-elle dit. Deuxièmement, toutes les études montrent clairement que ce n'est pas une approche plus dure -incluant plus d'emprisonnement, ou une privation supplémentaire de liberté- qui fait qu'on a des résultats avec la criminalité juvénile.»