Le ministre fédéral de la Citoyenneté et de l'Immigration, Jason Kenney, estime que le port de la burqa relève de la liberté personnelle et qu'il ne revient pas au gouvernement de légiférer sur les vêtements que portent les Canadiens.

Après son collègue de la Justice, Rob Nicholson, qui disait ne pas vouloir modifier les lois en ce sens, le ministre Kenney a à son tour indiqué, lundi, qu'il s'agissait d'un choix personnel.

«Je crois que nous avons au Canada une tradition de liberté personnelle (...) Je suis contre l'idée que l'Etat doive réglementer les vêtements des citoyens canadiens, qui sont des gens libres», a soutenu le ministre, lors d'un point de presse, à Ottawa.

Le débat sur le port de ce voile intégral a été relancé depuis qu'un rapport déposé par une mission parlementaire, la semaine dernière en France, a proposé son interdiction dans les services publics.

Le sort de la burqa n'est toutefois pas encore jeté dans l'Hexagone car le premier ministre, François Fillon, a demandé au Conseil d'Etat d'étudier les possibles solutions juridiques qui lui permettraient d'interdire ce voile.

Au pays, le Muslim Canadian Congress demande au gouvernement fédéral de suivre l'exemple de la France, mais l'idée n'a pas été chaudement accueillie par le gouvernement de Stephen Harper.

La burqa est un vêtement islamique très répandu en Afghanistan, qui couvre l'ensemble du corps et comportant une grille tissée à la hauteur des yeux qui permet aux femmes de voir sans toutefois être vues.

Le chef libéral, Michael Ignatieff, s'est de son côté prononcé contre son interdiction, en plaidant la liberté de religion.

Mais pour certains militants, le port de la burqa n'est pas une question de croyance, mais plutôt de politique, et il ne relèverait donc pas de la Charte des droits et libertés.

Le ministre Kenney a par ailleurs rappelé que la dernière version du guide de citoyenneté du Canada, publié en novembre, établissait l'égalité entre les hommes et les femmes.

Le document, intitulé «Découvrir le Canada: les droits et responsabilités liés à la citoyenneté», note que «l'ouverture et la générosité du Canada excluent les pratiques culturelles barbares qui tolèrent la violence conjugale, les meurtres d'honneur, la mutilation sexuelle des femmes ou d'autres actes de violence fondée sur le sexe».

«Donc nous sommes très clairs que certaines pratiques soi-disant culturelles ne sont pas acceptables au Canada», a fait valoir le ministre.

«Mais en bout de ligne, c'est un pays de liberté personnelle» et il n'est pas question pour le gouvernement d'imposer aux «gens (ce qu'ils) doivent porter», a-t-il conclu.