Une nouvelle formation politique de droite risque de venir supplanter l'Action démocratique si Gérard Deltell n'arrive pas rapidement à asseoir son autorité, pense le député indépendant Marc Picard.

Le temps presse pour Gérard Deltell, a affirmé le député des Chutes-de-la-Chaudière dans une entrevue accordée mercredi à La Presse Canadienne.

A son avis, si le chef ne parvient pas à redresser la barre au cours de l'année, une nouvelle option politique devra émerger pour rallier les électeurs de la droite.

«Si l'ADQ n'est pas capable de convaincre les citoyens du sérieux de sa démarche, oui ça va prendre une autre formation politique. (...) On aura une réponse d'ici la fin de 2010», a souligné M. Picard.

Malgré les appels du pied du chef de l'ADQ, le député n'envisage pas, à moins d'un revirement majeur, de réintégrer le caucus de l'Action démocratique.

Une rencontre qu'il qualifie de cordiale avec le leader adéquiste il y a une semaine n'a pas suffi à dissiper ses doutes.

«Je ne suis pas prêt pour un retour. Lorsque je me reconnaîtrai de nouveau dans l'Action démocratique, j'y retournerai, si cela arrive», a-t-il dit.

Avec son collègue de La Peltrie, Eric Caire, le député dissident a claqué la porte du parti, début novembre, refusant de servir sous le règne éphémère de l'ancien chef Gilles Taillon.

Trois mois plus tard, M. Picard n'est toujours pas convaincu que M. Deltell est l'homme de la situation pour relancer le parti et panser les plaies de la campagne désastreuse au leadership de 2009.

Selon lui, le chef actuel semble avoir du mal à effacer l'héritage laissé au parti par le démissionnaire Gilles Taillon.

«Je comprends qu'il devait prendre un certain recul. Il est là depuis le mois de novembre, mais je n'ai pas encore vu l'empreinte Deltell sur l'ADQ par rapport aux décisions de Taillon», a-t-il expliqué.

Le député Picard en a gros sur le coeur contre Gilles Taillon à qui il reproche de l'avoir démis de ses fonctions de leader parlementaire. Une décision qui visait, croit-il, à le punir pour avoir appuyé la candidature d'Eric Caire à la direction du parti.

Sans nommer personne, il accuse aussi «des députés» de lui avoir «planté des couteaux dans le dos».

«C'est le genre de politique que je n'accepte pas. M. Taillon m'a dit, sans aucune raison: «tu n'es plus leader parlementaire'. M. Deltell est arrivé et à ma connaissance, il n'a rien changé», a-t-il relaté.

Au-delà des conflits de personnalité, M. Picard considère que l'Action démocratique verse dans l'opportunisme politique et l'électoralisme primaire.

A titre d'exemple, il cite l'appui donné l'automne dernier par l'ADQ à une motion du PQ plaidant pour la création de places de garderie à 7 $ «pour tous les parents».

«Je ne reconnais pas l'Action démocratique lorsqu'elle pose des gestes comme ça. Avant de promettre des places à 7 $ à tout le monde, peut-on regarder l'état des finances? Evaluer les coûts? On ne peut pas promettre la lune», a-t-il évoqué.

Aux yeux du député indépendant, l'ADQ ne peut plus se permettre de voguer entre deux eaux. Le parti doit se camper «à droite de la patinoire».

«M. Deltell est à droite, mais il devra poser des gestes pour dire aux troupes: écoutez, nous sommes à droite et nous restons à droite», a-t-il lancé.

Dans l'intervalle, M. Picard avoue qu'il aime bien ce qu'il entend des anciens députés François Legault, Joseph Facal et autres «lucides».

Même s'il a récemment exclu un retour en politique, M. Legault pourrait bien changer d'idée si les circonstances le requièrent, avance l'ancien député adéquiste.

«Il a fermé la porte mais j'ai compris avec le temps que même lorsqu'on ferme des portes, elles peuvent s'ouvrir quelques mois plus tard», a-t-il dit.