Les espoirs des conservateurs de remporter une majorité des 308 sièges à la Chambre des communes aux prochaines élections se sont envolés en fumée. Et les troupes de Stephen Harper n'ont qu'elles-mêmes à blâmer pour ce revirement de situation spectaculaire, selon un sondage exclusif Nanos réalisé pour La Presse.

Alors que le Parti conservateur détenait tout près de 10 points de pourcentage d'avance sur le Parti libéral à la mi-décembre, les deux partis sont maintenant presque à égalité dans les intentions de vote.

 

Si des élections générales avaient lieu aujourd'hui, les conservateurs de Stephen Harper obtiendraient 35,6% des voix tandis que les libéraux de Michael Ignatieff récolteraient 33,9%. Le NPD arriverait bon troisième avec 16,4% et le Parti vert devrait se contenter d'un maigre 5,6%.

Au Québec, le Bloc québécois récolterait 33,2% des voix contre 29,3% aux libéraux et 22,2% aux conservateurs. Les néo-démocrates de Jack Layton obtiendraient pour leur part 10,5%.

Avec de tels résultats, les conservateurs auraient des chances de se maintenir au pouvoir, mais ils obtiendraient moins de sièges que les 145 qu'ils détiennent en ce moment aux Communes. Au scrutin d'octobre 2008, les conservateurs ont obtenu 37,6% des voix, les libéraux 26,2% (77 sièges) et le NPD 18,2% (37 sièges).

Pour le président de la firme Nanos, Nik Nanos, les conservateurs semblent prédisposés à commettre des erreurs de parcours qui leur font perdre des plumes dès qu'ils s'approchent d'une majorité des sièges dans les intentions de vote.

En général, un parti qui obtient 40% des suffrages ou plus au pays peut espérer former un gouvernement majoritaire.

La chute des appuis au Parti conservateur s'explique en grande partie par la décision du premier ministre Stephen Harper d'annoncer la prorogation du Parlement, le 30 décembre.

Les trois partis de l'opposition ont su tirer profit de cette décision en accusant les conservateurs de vouloir fuir leurs responsabilités de rendre des comptes au Parlement sur une foule de sujets, dont la question du traitement réservé aux détenus afghans par les autorités locales après avoir été transférés par les soldats canadiens.

Le gouvernement Harper a obtenu des louanges pour sa gestion de la crise en Haïti après le terrible tremblement de terre du 12 janvier qui a fait plus de 200­000 morts. Mais cette bonne performance ne semble pas avoir rapporté de dividende électoral aux conservateurs, selon M. Nanos.

«Même si les conservateurs jouissaient d'une avance de 10 points de pourcentage pendant la majorité du dernier trimestre de 2009, en bonne partie grâce à une économie qui se stabilise et les tentatives des libéraux de provoquer des élections, cette avance confortable s'est évaporée et ils sont maintenant au coude-à-coude avec les libéraux. Cela est devenu une habitude chez les conservateurs. À chaque fois qu'ils se forgent une avance, ils commettent des erreurs stratégiques et leurs appuis chutent», a dit M. Nanos.

Le sondage Nanos a été réalisé du 29 janvier au 4 février auprès de 1002 personnes. La marge d'erreur est de plus ou moins 3,1%, 19 fois sur 20. La marge d'erreur est toutefois plus élevée dans le cas des résultats régionaux (plus ou moins 7% au Québec).