Moins catégorique que le Parti québécois, le Bloc québécois estime que la burqa n'a pas sa place à la banque ou dans un bureau de vote mais croit qu'il serait impossible d'en interdire le port sur la place publique.

Le débat sur le port du voile islamique intégral a été relancé il y a quelques jours au Canada après qu'une mission parlementaire, en France, eut proposé son interdiction dans les lieux publics.

Vendredi, le quotidien Le Soleil a écrit que le Parti québécois de Pauline Marois s'apprêtait à adopter une position ferme contre le port du voile intégral.

En entrevue à La­Presse, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a estimé que la burqa n'a pas sa place dans les services publics.

«La burqa dans des lieux publics et je ne parle pas du trottoir, c'est un peu comme une cagoule dans une banque. Je ne suis pas sûr que ce soit une très bonne idée d'entrer avec une cagoule dans une banque», a souligné M.­Duceppe.

«Mais dans la rue, ce serait très difficile d'interdire ça, a-t-il toutefois ajouté. Les Français le voient actuellement. Il faut qu'une loi puisse s'appliquer. Si on empêche une femme de porter une burqa dans la rue, elle va mettre une cagoule. Pourquoi serait-il interdit à une femme de porter une cagoule, alors que ce serait permis à un homme qui veut se protéger du froid? On a un maudit problème, si c'est ça.»

Le chef bloquiste fait une distinction importante entre la burqa ou le niqab et le voile musulman qui laisse le visage découvert, le hijab, même s'il considère que les femmes qui occupent des fonctions représentatives d'ordre, comme les policières et les juges, par exemple, ne devraient pas porter le foulard.

À Ottawa, le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, a déjà exclu, la semaine dernière, de légiférer sur les vêtements que portent les Canadiens au motif qu'il s'agit d'une question de liberté personnelle.

Par ailleurs, le Bloc québécois entend présenter à nouveau cette année un projet de loi pour interdire de voter à visage couvert. Le débat a été soulevé lors des dernières campagnes électorales. «Quand on vote, il faut voter à visage découvert», a martelé M.­Duceppe.

En 2007, les conservateurs avaient proposé un projet de loi qui permettait notamment aux musulmanes voilées de découvrir leur visage uniquement devant des femmes scrutatrices, ce à quoi les bloquistes s'étaient opposés.