Ramassis de vieilles idées, absence de vision, mauvais choix pour l'économie... Les partis de l'opposition à Ottawa s'accordent à dire que le discours du Trône contenait très peu de neuf et que rien ne justifiait la prorogation du Parlement le 30 décembre dernier.

«Ils ont fermé le Parlement pour ça? a lancé le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, à l'issue de la lecture du discours par la gouverneure générale, Michaëlle Jean. C'est ça, le résultat de la prorogation? Ça ressemble davantage à de la régurgitation!»

 

Au moment de proroger le Parlement, le premier ministre Stephen Harper avait insisté sur le besoin de «recalibrer» son plan d'action. Or, pour l'opposition, l'exercice s'est révélé vain.

«Le gouvernement nous offre un ramassis de toutes les idées qu'ils nous a offertes depuis quatre ans, a estimé M. Ignatieff. C'est le travail d'un gouvernement fatigué, qui tente désespérément de convaincre la population canadienne qu'il a encore de l'énergie. Ils sont exténués. C'est une des raisons pour lesquelles ils ont fermé le Parlement.»

Le Bloc réagit

Pour le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, ce discours du Trône «démontre encore une fois qu'Ottawa ne répond pas aux besoins et aux intérêts du Québec».

Culture, environnement, justice, assurance emploi, aînés, éducation, mesures économiques, la liste de récriminations du chef bloquiste est longue, et les points sur lesquels il est d'accord avec le gouvernement, comme le gel des salaires des députés, sont très rares.

«Il n'y a rien pour l'assurance emploi. Il n'y aura rien de particulier pour le forestier. On réduit les normes au niveau de l'environnement. On va investir massivement dans le nucléaire (...) et créer un concurrent à Hydro-Québec, a souligné M. Duceppe. C'est l'affirmation de ce corridor idéologique étroit, dont on voit les conséquences à Droits et Démocratie.»

«Quand on ose se prétendre les leaders en matière d'environnement... Je ne sais pas s'ils se croient eux-mêmes, mais c'est se moquer de la population», a-t-il ajouté.

Au NPD, on déplore le manque de vision «cohérente» pour la relance de l'économie et la création d'emplois.

«Les banques et les grandes pétrolières vont célébrer encore une fois un discours du Trône qui est très bon pour elles, mais les aînés, les pauvres, les chômeurs n'ont pas beaucoup à célébrer», a dit le chef néo-démocrate, Jack Layton.

À l'instar du Bloc québécois, le NPD s'inquiète de la volonté du gouvernement conservateur de modifier la réglementation des évaluations environnementales dans l'exploitation des ressources naturelles.

«Sur les changements climatiques, ils affirment qu'il s'agit du plus grand défi auquel on fait face, mais la seule chose qu'ils envisagent de faire est de réduire la réglementation et de laisser les compagnies pétrolières développer davantage de projets. Ça n'a aucun sens», a soutenu M. Layton.

Le chef libéral craint pour sa part les coupes sous-entendues dans le discours du Trône, et qui devraient selon lui se matérialiser dès aujourd'hui dans le budget.

«Il y aura des coupes. Moi, je veux bien qu'il gèle mon salaire, mais je ne veux pas qu'il réduise les services qui sont essentiels pour les Canadiens. On va voir le budget demain parce que le diable est dans les détails», a dit Michael Ignatieff.

Il reproche au gouvernement d'annoncer surtout des gestes symboliques, comme modifier la version anglaise de l'hymne national pour y enlever la connotation masculine.

«Il y a beaucoup de choses plus importantes à faire pour les femmes que de changer l'hymne national, comme il y a beaucoup plus à faire pour les personnes âgées que d'instituer une journée des aînés», a conclu le chef libéral.