Le fonctionnaire chargé de signer les factures soumises par la firme Profac au gouvernement fédéral doute que la vérification annoncée hier par la ministre des Travaux publics, Rona Ambrose, trouve quoi que ce soit d'irrégulier.

Hier, la ministre Ambrose a annoncé à la Chambre des communes qu'elle avait demandé qu'une vérification soit menée par une tierce partie afin de voir si les coûts facturés par la filiale de SNC-Lavalin étaient raisonnables. Selon son bureau, le contrat pourrait être donné à une firme privée dès aujourd'hui.

La Presse a publié mardi des factures soumises au gouvernement dans le cadre d'un contrat de 6 milliards de dollars pour la gestion de quelque 320 immeubles fédéraux au Canada pendant 11 ans. Il y avait notamment des frais de 1000 $ pour l'installation d'une sonnette, de 2000 $ pour l'achat de deux plantes vertes et de 5000 $ pour la pose de six luminaires encastrés.

Dan Lavergne, fonctionnaire chargé d'approuver les factures de à Profac (aujourd'hui SNC-Lavalin O&M), ne croit pas que la société retenue par la ministre trouvera ces coûts trop élevés.

«Les détails ne sont pas là-dedans, a-t-il dit en parlant des factures remises à La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. L'histoire est plus longue que ça parce qu'il y a toute l'étendue du travail, tous les détails qui ne sont pas énumérés et qui font qu'on arrive au total.»

À la demande de SNC-Lavalin, en effet, le gouvernement a refusé de divulguer plusieurs détails, dont les frais de gestion facturés pour chaque service rendu. Sur les factures obtenues, ces données avaient été effacées.

Une source gouvernementale a affirmé hier que ces frais de gestion étaient de 14%, que les travaux soient accomplis par un sous-traitant ou non. Mais SNC a refusé de le confirmer. « Les frais de gestion sont très concurrentiels et ils comprennent tous nos coûts », a déclaré la porte-parole, Leslie Quinton.

«Les profits pour tous les services Opérations et Maintenance (O&M) sont de moins de 4%», a-t-elle ajouté. 

Peu impressionné

Par ailleurs, le fonctionnaire Dan Lavergne s'est dit peu impressionné par la réaction du gouvernement, qui tente depuis deux jours de se dissocier de la mauvaise presse qu'engendre ce dossier en rejetant la faute sur les fonctionnaires.

Durant la période des questions, hier, la ministre des Travaux publics, Rona Ambrose, ainsi que son prédécesseur, Christian Paradis, se sont fait reprocher cette attitude par les partis de l'opposition.

«Est-ce que le gouvernement peut nier que le contrat accordé par les libéraux à Profac a été prolongé à deux reprises par le gouvernement conservateur et qu'ils sont responsables des gaspillages de fonds publics auxquels on a assisté?» a demandé le député du Bloc québécois Pierre Paquette.

«La ministre n'a toujours pas accepté la responsabilité et blâme la fonction publique», a pour sa part accusé la députée libérale Martha Hall Findlay.

«Ce contrat a été accordé de manière compétitive et géré par la fonction publique, a martelé la ministre. Je crois que les dépenses devraient être révisées.»

- Avec la collaboration

de William Leclerc