L'échec de la motion libérale sur la planification familiale a continué à faire des vagues sur la colline parlementaire, mercredi, malgré les tentatives du parti pour faire oublier cette gaffe gênante.

En fin de journée, mardi, l'absence de 13 députés libéraux, l'abstention d'un autre et le vote de trois députés contre la motion de leur propre formation a permis aux conservateurs de battre l'opposition par 144 voix contre 138.Derrière des portes closes, mercredi matin, le chef Michael Ignatieff et le whip Rodger Cuzner ont reconnu devant les députés qu'ils ne les avaient pas suffisamment consultés avant d'arrêter leur plan d'action.

Devant les journalistes, quelques minutes plus tard, M. Ignatieff a admis qu'il était mécontent de la tournure des événements. Il a toutefois tenté de ramener l'attention sur le contenu du débat plutôt que sur ses problèmes d'organisation.

«Vous essayez de dire que le sujet, c'est moi, a-t-il dit. Mais je suggère que le sujet, c'est la position de M. Harper.»

Par leur motion, les libéraux voulaient obliger le gouvernement Harper à inclure «tout l'éventail des options de planification familiale» dans son initiative en matière de santé maternelle et infantile dans les pays pauvres.

Si le texte ne mentionnait pas précisément l'avortement, les membres du caucus pro-vie du Parlement canadien - dont plusieurs députés libéraux - craignaient que la motion ne relance ce débat délicat au Canada.

Bien qu'ils aient promis de poursuivre la lutte sur cet enjeu, les libéraux se sont tout de même abstenus d'aborder le sujet durant la période des questions, mercredi.

Le chef est par ailleurs resté vague sur les sanctions auxquelles s'exposent les trois députés qui n'ont pas suivi la ligne du parti alors qu'ils étaient obligés de le faire pour un tel vote. «On discute de cela avec le whip et nous allons régler ça de façon interne», a insisté M. Ignatieff.

Les adversaires des libéraux s'en sont pour leur part donné à coeur joie pour tourner l'organisation du parti en ridicule et pour remettre en question le leadership de M. Ignatieff.

«Je n'ai jamais rien vu comme ce que j'ai vu hier soir», s'est exclamé le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, qui compte plusieurs années d'expérience à l'Assemblée nationale et à la Chambre des communes. Le député d'Outremont est d'avis que le leader libéral aura peine à se relever d'un tel affront de ses propres rangs. «C'est une vraie claque sur la gueule qu'il a subie hier soir.»