Le premier ministre Stephen Harper semble avoir trouvé, tel qu'il le souhaitait, le meilleur avis scientifique pour améliorer la santé maternelle dans les pays en voie de développement, un sujet qui fait l'objet de débats houleux depuis quelques jours à la Colline parlementaire.

Jusqu'à maintenant, le gouvernement conservateur n'a pas dit clairement s'il entend financer la contraception et l'avortement légal dans le cadre de l'initiative sur la santé maternelle que propose le premier ministre Stephen Harper à la réunion du G8 qui aura lieu au Canada cet été. Cette initiative vise à améliorer la santé des femmes et des enfants.

Or, une organisation internationale oeuvrant dans le domaine de la santé reproductive, le Guttmacher Institute, ainsi que le Fonds des Nations unies pour la population, ont dévoilé jeudi un rapport démontrant les effets bénéfiques d'un accès élargi à la contraception, et ce, statistiques à l'appui.

Le Guttmacher Institute soutient que si les besoins en pilule contraceptive étaient comblés à l'échelle de la planète, les décès maternels seraient réduits de 70 pour cent.

La planification familiale bénéfique

De plus, la planification familiale éliminerait le deux tiers des grossesses indésirées et le trois quart des avortements à risques, soutient la nouvelle étude.

Et le rapport fait miroiter les possibilités de réductions de coûts puisqu'il stipule qu'en investissant pour la contraction, les autres coûts déboursés pour assurer la santé des femmes et de leurs enfants seraient également en baisse. Ainsi, l'on pourrait sauver 5,1 milliards $ si les pays riches s'investissaient immédiatement pour la cause.

Très évasif au sujet de ce qu'il voulait voir être financé par l'aide internationale par rapport à la santé maternelle, le premier ministre avait soutenu qu'il étudiait une série d'options à cet égard. «Evidemment, nous nous fierons sur le meilleur avis scientifique», avait-il soutenu.

Ainsi, des groupes de femmes et de santé se sont déplacés jeudi matin sur la colline parlementaire, armés d'études prouvant que la contraception et l'avortement légal sauvent des vies dans les pays en voie de développement.

La Société des obstétriciens et des gynécologues du Canada, l'Association des infirmières et des infirmiers du Canada ont notamment demandé aux conservateurs d'au moins inclure la planification familiale dans son initiative.

Même si certaines organisations s'entendent pour dire que l'avortement légal fait partie selon eux de la santé maternelle, ils n'ont pas insisté pour que le gouvernement conservateur s'engage à les soutenir.

Discuter sans que l'avortement bloque les pourparlers

«Je crois que nous pouvons poursuivre nos discussions avec le gouvernement sans nécessairement avoir l'avortement qui nous bloque dans nos pourparlers», a soutenu la présidente de la Société des obstétriciens et des gynécologues du Canada, Astrid Bucio.

Selon Susan Cohen, du Guttmacher Institute, les autres pays devront faire des pressions sur le Canada pour qu'il se décide à cibler l'avortement légal dans son plan.

Elle souligne par ailleurs que l'accès à la contraception diminuerait le nombre d'avortements illégaux - et souvent dangereux - de 20 millions à 5 millions.

La directrice générale d'Action Canada pour la population et le développement, Katherine McDonald, dit cependant que son organisation ne peut pas se contenter du financement de la contraception sans réclamer, aussi, le financement des avortements.

Et sentant que le gouvernement Harper risque fort de faire la sourde oreille à ces demandes, Mme McDonald abonde dans le même sens que Mme Cohen et croit qu'il faudra peut-être compter sur les autres membres du G8, plutôt que sur le Canada.

Toutefois, si ces groupes avaient à l'horaire de leur journée des réunions avec des fonctionnaires de l'Agence canadienne de développement international et avec des députés de l'opposition, aucun député ni ministre conservateur n'a prévu aller les rencontrer.