La conférence libérale des «grands penseurs» devrait explorer toutes les avenues pour faire face aux défis de l'avenir, y compris la délicate question des taxes et des impôts, a indiqué Michael Ignatieff, vendredi, lors de la première journée du rassemblement de trois jours qui se déroule ce week-end à Montréal.

Dans son discours d'ouverture, le chef libéral a déclaré qu'il espérait que l'exercice, qui réunit quelque 50 conférenciers et 250 invités dans une salle privée du Complexe Desjardins, serait une discussion libre, ouverte et non partisane qui réconcilierait les Canadiens avec la classe politique.«Nous nous retrouvons à un moment où, pour être très franc, les politiciens, les partis et toute la classe politique ont laissé tomber les citoyens», a-t-il déclaré d'entrée de jeu.

La conférence «Canada 150» se veut un remue-méninges pour inspirer le prochain programme électoral du Parti libéral et pour discuter de l'avenir du Canada, qui fêtera ses 150 ans en 2017.

Parmi les conférenciers, vendredi, l'économiste Pierre Fortin a traité de la menace que pose le vieillissement de la population pour le système de santé, notamment. La journaliste, auteure et lauréate du prix Pulitzer Sheryl WuDunn a repris le thème de son dernier livre, Half the Sky: Turning Opression into Opportunity for Women Worldwide, qui présente l'égalité hommes-femmes comme l'enjeu moral du XXIe siècle et la meilleure stratégie pour lutter contre la pauvreté.

Mais il serait irréaliste d'examiner toutes ces propositions sans discuter de la capacité du gouvernement de les réaliser, a dit Michael Ignatieff.

«Je ne prends pas d'engagement de ce genre aujourd'hui même, a-t-il insisté lors d'un point de presse, en milieu de journée. Mais je dis clairement qu'un débat honnête sur les enjeux sociaux et internationaux que nous allons aborder aujourd'hui, ça demande une réflexion sur la marge de manoeuvre fiscale.»

Railleries des conservateurs

M. Ignatieff n'est pas entré dans les détails de cette réflexion. Le programme de la conférence ne prévoit pas non plus de discussions sur cette question précise.

L'aveu pourrait cependant donner des munitions à ses adversaires. Déjà, cette semaine, le Parti conservateur a cherché à tourner en ridicule le rassemblement libéral, qu'il a présenté comme un exercice élitiste qui ne vise qu'à trouver des moyens de hausser les taxes et les impôts.

Les libéraux, eux, veulent faire de Montréal 2010 ce que les conférences d'Aylmer et de Kingston avaient été en 1991 et en 1960, disent-ils: une vaste discussion qui établira les nouvelles priorités pour le pays. Les deux rassemblements avaient mené à un retour au pouvoir de leur formation après un règne conservateur.

Vendredi, l'ancien premier ministre libéral Jean Chrétien a convenu que son parti avait tablé sur un ensemble de facteurs pour remporter les élections de 1993, dont le fait que les électeurs s'étaient lassés des conservateurs de Brian Mulroney et de Kim Campbell, mais que la conférence d'Aylmer avait certainement été l'un de ces facteurs.

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Ignatieff sur les accommodements

Invité par des journalistes, Michael Ignatieff a mis son grain de sel dans le débat sur les accommodements raisonnables, vendredi. Dans un premier temps, il a dénoncé le fait que certains Canadiens critiquent la réaction du Québec dans ce dossier délicat. «Il y a un faux jeu que je n'aime pas du tout, qui est de dire: «Ah! Les Québécois, ils sont moins tolérants que les autres!» Je trouve cela tout à fait ridicule», a dénoncé le chef libéral. Selon lui, le Canada, le Québec et plusieurs autres pays dans le monde sont aux prises avec ces questions et cherchent à trouver l'équilibre entre différents droits et valeurs. Quant à savoir s'il appuie la nouvelle loi proposée cette semaine par le gouvernement québécois, M. Ignatieff s'est montré prudent: «La législation québécoise essaie de trouver ce bon équilibre et je crois qu'ils ont trouvé - j'espère! - un bon équilibre.»

 

Il est possible de suivre les conférences en direct sur le site web www.can150.ca.