Plutôt que de hausser les taxes, un gouvernement libéral gèlerait les impôts des entreprises - que les conservateurs entendent diminuer - et réduirait les dépenses du gouvernement afin de retrouver l'équilibre fiscal et de gérer les finances publiques.

C'est ainsi que le chef Michael Ignatieff a présenté le plan d'action financier de son parti, au terme d'une conférence de trois jours où une cinquantaine de conférenciers et d'experts ont échangé sur les défis de l'avenir pour le Canada et présenté des idées pour y faire face.Au cours de cette fin de semaine, bon nombre de ces conférenciers ont souligné l'importance de reprendre les commandes des dépenses gouvernementales, alors que la population vieillit et que le coût des services gouvernementaux, en santé notamment, promettent d'exploser.

Mais les libéraux ont été formels: pas question d'augmenter les impôts pour mettre ces idées et propositions en oeuvre, du moins à court terme.

Leur plan, échelonné sur quelques années, prévoit plutôt le gel de l'impôt aux entreprises, au niveau où il se trouvera lorsqu'ils prendront le pouvoir. Le gouvernement Harper prévoit baisser ce taux à 15% d'ici 2012. En se basant sur le taux de 2010, qui est à 18%, le chef libéral croit pouvoir économiser de 5 à 6 milliards de dollars par an «en quelques années seulement».

Mais s'il venait à prendre le pouvoir plus tard qu'en 2010, cela ne veut pas dire qu'il augmenterait ce taux, même si cela signifie moins de revenus pour le gouvernement, puisqu'il aura continué à baisser entre-temps.

«Je ne veux pas augmenter les charges fiscales pour les corporations», a tranché M. Ignatieff, sans préciser où il compte alors trouver la marge de manoeuvre fiscale nécessaire.

Afin d'éliminer le déficit budgétaire de 56 milliards de dollars, le chef a par ailleurs présenté un plan semblable à celui des conservateurs, qui consiste à faire passer le déficit à 1% de la valeur du PIB au cours des deux premières années d'un gouvernement libéral. S'il prenait le pouvoir en 2010, cela voudrait dire que le parti devrait faire baisser la dette à 17,5 milliards d'ici 2012 environ.

Pour y parvenir, un communiqué de presse a parlé de «réduction des dépenses grâce à des économies ciblées et viables en partenariat avec la fonction publique».

Michael Ignatieff a aussi promis de ne proposer de nouveaux programmes que s'ils peuvent être financés sans alourdir le déficit.

La conférence «Canada 150», qui se tenait au Complexe Desjardins, à Montréal, se voulait une discussion franche et non partisane visant à orienter les politiques du Parti libéral du Canada. Les thèmes abordés comprenaient l'environnement, la santé, la culture et l'économie.

M. Ignatieff ne tarissait pas d'éloges, hier, au terme de l'exercice qui a réuni près de 300 personnes sur place et qui a été visionné par des milliers d'internautes. «Nous avons changé la politique et nous nous sommes changés nous-mêmes», a-t-il lancé lors de son discours de clôture.

Les artisans de la plateforme électorale du parti s'attelleront maintenant à la tâche de synthétiser le contenu des discussions de ces trois jours, d'en discuter encore davantage en assemblée partisane puis de rédiger un document final.

«J'aimerais avoir une plateforme - et par plateforme, je veux dire des propositions limitées, concrètes et bien chiffrées - peut-être à la fin de l'été. Parce que les Canadiens ont besoin d'une alternative», a-t-il dit.

Cette plateforme comprendra-t-elle une taxe sur le carbone, mesure qui avait nui aux libéraux lors des dernières élections, mais qui a donné lieu à de vifs débats au Complexe Desjardins samedi? Il faudra attendre pour le savoir: Michael Ignatieff a évité de répondre à la question, hier.