Les questions de la contraception et de l'avortement doivent faire partie de l'initiative du G8 sur la santé maternelle, croit la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton.

«On ne peut pas parler de santé maternelle sans parler de santé reproductive. Et la santé reproductive, ça inclut la contraception, la planification familiale et un accès légal et sécuritaire à l'avortement», a lancé sans équivoque Mme Clinton, à l'issue d'une rencontre des ministres des Affaires étrangères des pays du G8, à Gatineau.

La position tranchée de la chef de la diplomatie américaine, qui s'oppose à celle du gouvernement Harper, risque fort de relancer un débat qui a déjà fait des vagues à Ottawa dans les dernières semaines.

À la fin du mois de janvier, le premier ministre Stephen Harper a annoncé que la santé maternelle et infantile dans les pays en développement sera l'une des priorités du sommet du G8 qui se tiendra en juin à Muskoka, en Ontario.

Depuis, l'opposition cherche à savoir quels seront les enjeux discutés.

Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, avait d'abord indiqué, en comité parlementaire, que l'initiative proposée par le Canada ne contiendrait «aucune mesure de planification familiale».

Le gouvernement s'était par la suite repris, dans ce qui avait été perçu par l'opposition comme une volte-face, et le premier ministre avait affirmé ne fermer la porte «à aucune option, y compris la contraception».

Mais pas question de parler d'avortement, avait aussitôt ajouté M. Harper.

La question est particulièrement délicate et a aussi divisé le caucus libéral, la semaine dernière : le chef Michael Ignatieff a échoué à faire adopter une motion qui voulait forcer le gouvernement à se positionner sur la planification familiale avant le sommet du G8.

«Le taux extraordinairement élevé de mortalité maternelle dans le monde, dans des pays où les femmes n'ont pas accès à la planification familiale, est une grande tragédie», a dit mardi Hillary Clinton, ajoutant qu'il s'agit d'une préoccupation majeure pour l'administration de Barack Obama.

Selon elle, la promotion des moyens de contraception, tant pour les hommes que pour les femmes, pourrait contribuer à prévenir des avortements.

Les déclarations de la secrétaire d'État américaine ont aussitôt trouvé écho sur la colline parlementaire. «Les commentaires de Mme Clinton montrent à quel point ce gouvernement et plusieurs libéraux sont déconnectés sur cette question, a jugé le chef du NPD, Jack Layton. Sa position est claire et conforme avec ce que pensent, j'en suis certain, une majorité de Canadiens.»

Pour le critique libéral Bob Rae, le programme «néo-conservateur» du gouvernement Harper nuit à sa crédibilité sur la scène internationale.

«L'idéologie du gouvernement n'est pas partagée par nos partenaires, et c'est le problème, a dit M. Rae. Nos partenaires ne vont pas prendre au sérieux un gouvernement qui vient très tard à la table pour dire qu'il faut faire quelque chose sur la santé maternelle mais qui n'a rien, franchement, à offrir de nouveau ou de clair.»

Nucléaire iranien

Les ministres des Affaires étrangères du G8 ont conclu, mardi, une rencontre de deux jours au cours de laquelle ils ont parlé de sécurité internationale, de terrorisme et d'énergie nucléaire.

Les ministres ont, d'une même voix, condamné le non-respect par l'Iran de ses obligations en matière d'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, ce qui soulève «d'importantes préoccupations» pour la communauté internationale, a dit le ministre Cannon, qui présidait la réunion.

Mais le G8 n'est pas le forum approprié pour discuter d'éventuelles sanctions à imposer à l'Iran, ont concédé les chefs de la diplomatie, qui ont préféré renvoyer la question au Conseil de sécurité de l'ONU.