Le NPD veut qu'un comité parlementaire examine pourquoi le ministère des Travaux publics a englouti 52 millions de dollars pour créer un programme informatique visant à simplifier les achats de biens et services du gouvernement pour ensuite l'abolir.

Le député néo-démocrate Pat Martin cachait mal sa colère devant ce cas de mauvaise gestion des fonds publics au moment même où le gouvernement fédéral est aux prises avec un déficit frisant les 50 milliards et demande à tous de se serrer la ceinture.

 

La Presse a rapporté hier que le gouvernement fédéral a dépensé 52 millions de dollars pour mettre sur pied ce nouveau programme dans le but de simplifier les milliards de dollars d'achat de biens et services par année de tous les ministères. Mais l'an dernier, le ministère des Travaux publics a mis la hache dans ce programme après avoir constaté que très peu de fonctionnaires l'utilisaient.

Selon le député Pat Martin, cette somme dépasse déjà largement les économies réalisées jusqu'ici par les conservateurs de Stephen Harper dans le cadre de la lutte contre le déficit. Le gouvernement a imposé un gel des salaires des députés (environ un million de dollars d'économies) et aboli 245 postes dans des organismes gouvernementaux (environ un million de dollars).

«Toute cette affaire est un échec monumental. Ce gaspillage dépasse le total de toutes les économies adoptées par le Conseil du Trésor jusqu'ici. On fait un pas en avant et deux pas en arrière avec ce gouvernement», a dit M. Martin.

»La charrue devant les boeufs»

Le programme en question - le Marché en direct du gouvernement du Canada (MDGC) - s'est avéré un échec parce que les ministères n'étaient pas obligés de s'en servir. Environ 700 fonctionnaires seulement ont utilisé ce nouvel outil, ce qui a conduit Travaux publics à l'abolir au printemps 2009.

«On semble avoir mis la charrue devant les boeufs. Avant de créer le programme, il aurait fallu vérifier l'intérêt des ministères. Ce n'est donc pas étonnant que tout cela ait échoué. Mais on ne peut pas se permettre de dilapider de l'argent comme cela dans une période de restrictions», a ajouté M. Martin.

Le député a indiqué qu'il demandera au comité des comptes publics, dont il est le vice-président, de se pencher sur ce dossier à la reprise des travaux parlementaires la semaine prochaine.

Efficacité réduite

Le ministère des Travaux publics a expliqué plus tôt cette semaine qu'un «examen minutieux» du programme en 2008-2009 avait permis de conclure qu'il ne répondait pas aux besoins des ministères.

«Le Ministère a analysé l'utilisation du catalogue électronique et a conclu qu'il n'était pas largement utilisé, car c'était un outil limité qui n'était pas relié aux systèmes financiers des ministères. À cause des coûts annuels de fonctionnement du catalogue et de son faible taux d'utilisation, le rapport coût-efficacité de ce catalogue a été jugé trop faible», a indiqué Nathalie Bétoté Akwa, porte-parole de Travaux publics.