Le chef libéral Michael Ignatieff s'attaque à la bonne foi des députés du Bloc québécois en affirmant qu'ils n'ont pas avantage à régler les problèmes auxquels le pays est confronté.

Dans un discours prononcé jeudi devant la Chambre de commerce et d'industrie de Mirabel, près de Montréal, le chef de l'opposition a indiqué qu'il croyait que le premier intérêt des députés du parti de Gilles Duceppe était de faire en sorte que les dossiers n'avancent pas.

«Je sais qu'il y a une frustration dans la région. Il y a plusieurs dossiers qui n'avancent pas. Mais posez-vous une question: un député du Bloc québécois a-t-il intérêt à régler des dossiers?», a-t-il demandé.

Selon M. Ignatieff, le Bloc s'assure de pouvoir prétendre que le Canada, à titre de pays, ne tourne pas rond, et fait ainsi de la «petite politique partisane sur votre dos».

«Je crois plutôt que son premier intérêt, c'est de faire en sorte que les problèmes ne se règlent pas pour pouvoir dire que ce pays ne marche pas», a-t-il déclaré.

En entrevue à La Presse Canadienne, le leader du Parti libéral du Canada (PLC) a spécifié que c'étaient les élus municipaux de la région eux-mêmes qui lui ont fait part de leur insatisfaction à l'égard du Bloc.

«Ce que je constate quand je suis à Mirabel, c'est la frustration des élus municipaux envers leurs élus bloquistes, qui sont en poste depuis 18 ans, dans les dossiers qui relèvent de la compétence fédérale», a-t-il avancé, citant entre autres les problèmes liés à l'aéroport de la région.

Le chef bloquiste a rapidement contre-attaqué son adversaire en rappelant que ce sont les troupes libérales qui ont permis au gouvernement minoritaire de Stephen Harper de se maintenir au pouvoir à Ottawa, notamment lors du vote sur le budget en mars.

«Je trouve ça profondément insignifiant, surtout de la part de Michael Ignatieff. Qu'a-t-il à proposer qui est bloqué? Quel dossier règle-t-il, lui?», a-t-il demandé en entrevue téléphonique à partir de Toronto.

«A part de grandes lancées oratoires qui ne disent pas grand-chose, je n'ai rien entendu de bien précis (de sa part)», a-t-il conclu.

Les libéraux, dont la coalition avec les néo-démocrates en 2008 était appuyée par le Bloc québécois, se sont toujours défendus d'attaquer la légitimité de la formation de Gilles Duceppe à Ottawa. Ils avaient à l'époque critiqué les conservateurs, qui eux ne s'étaient pas gênés pour traiter les bloquistes de «séparatistes» afin de discréditer la coalition aux yeux des Canadiens.

Besoin du Québec

Dans son discours à Mirabel, M. Ignatieff a par ailleurs lancé qu'il avait besoin du Québec afin de pouvoir «gouverner différemment». Il a invité les Québécois à descendre «des gradins» et à sauter «sur la patinoire».

«Le meilleur allié de M. Duceppe, c'est Stephen Harper. Parce que tant qu'il est là, M. Duceppe peut dire que les Québécois ne se reconnaissent pas dans le Canada», a-t-il conclu.

Le chef libéral a d'autre part salué le fait que le premier ministre du Québec, Jean Charest, a lancé le débat sur le financement du système de santé lors du récent dépôt du budget provincial. M. Charest a cependant été fortement critiqué dans la province pour ce que certains perçoivent comme un premier pas vers la fin de l'universalité des soins de santé.

Dans son allocution, M. Ignatieff a néanmoins spécifié que si un débat était souhaitable, il fallait malgré tout s'assurer qu'il respecte le grand principe de l'accès universel aux soins.

Au plan économique, le chef du PLC a par ailleurs promis d'installer à Mirabel le premier centre d'essai de l'aérospatiale canadienne si sa formation politique remporte les prochaines élections.

«Je crois qu'il y a un avenir très prometteur pour la région si on peut redonner de la vie à cet aéroport», a-t-il noté en entrevue.