La veuve de l'ancien président de Droits et Démocratie, Rémy Beauregard, réclame la tenue d'une enquête publique afin de faire la lumière sur les circonstances qui ont entraîné la mort de son mari en janvier et sur les «dérapages» de l'organisme établi à Montréal.

Témoignant avec émotion devant le comité des affaires étrangères, Suzanne Trépanier a soutenu mardi que son mari est mort après avoir été victime de harcèlement pendant plusieurs mois de la part de certains membres du conseil d'administration.Mme Trépanier a aussi réclamé des excuses publiques de la part des membres du conseil d'administration pour le traitement réservé à son mari et la démission de quatre d'entre eux, soit le président du conseil d'administration, Aurel Braun, ainsi que Jacques Gauthier, Elliott Tepper et David Matas. Selon Mme Trépanier, ces quatre individus ont mené une campagne de dénigrement contre son mari depuis son décès.

«Je désire que la réputation de mon mari cesse d'être ternie par des gens qui, à mon avis, par leur acharnement irrationnel, leur mauvaise foi évidente et par le harcèlement prolongé qu'ils lui ont fait subir pendant plusieurs mois, ont fini par avoir un effet très néfaste sur sa santé. Mon but ultime aujourd'hui est de rétablir la réputation de Rémy et d'espérer qu'il y aura des conséquences pour les membres du conseil d'administration qui sont responsables des dérapages», a affirmé Mme Trépanier.

M. Beauregard est mort dans la nuit du 8 janvier, quelques heures après une réunion houleuse avec les membres du conseil d'administration de l'organisme.

Durant cette réunion, M. Beauregard avait demandé à ce qu'un rapport d'évaluation de son travail soit modifié puisqu'il avait été rédigé à son insu et qu'il était critique, alors qu'une évaluation verbale de son travail réalisée quelques mois plus tôt était dithyrambique à son endroit.

M. Beauregard n'avait pu prendre connaissance de ce rapport qu'après une longue bataille. Les membres du conseil d'administration avaient refusé d'accéder à sa demande.

Selon Mme Trépanier, M. Beauregard a été profondément affecté par «l'attitude agressive» du président du conseil d'administration, Aurel Braun, durant cette réunion.

Droits et Démocratie est secoué par une série de controverses depuis la mort de M. Beauregard. Il y a deux semaines, d'anciens employés de l'organisme ont raconté en détail les nombreux conflits qui ont éclaté entre certains membres du conseil d'administration, d'une part, et M. Beauregard et les employés, d'autre part.

Au moins 46 des 48 employés ont signé une lettre réclamant le départ de MM. Gauthier et Braun, tous deux nommés par le gouvernement Harper, en raison de leur immixtion dans le fonctionnement quotidien de Droits et Démocratie.

Ces conflits ont été exacerbés par les tentatives de Jacques Gauthier et d'Aurel Braun d'imposer à l'organisme un point de vue plus favorable à Israël. M. Gauthier s'est même plaint que Droits et Démocratie, un organisme censé être neutre et ayant comme mandat de promouvoir la démocratie à l'étranger, ne comptait aucun employé juif. Il a aussi critiqué l'attribution de deux subventions de l'organisme à des organisations palestiniennes.

Deux anciens présidents de Droits et Démocraties, l'ancien chef du NPD Ed Broadbent et l'ancien député libéral Warren Allmand, ont soutenu qu'un ménage s'impose au sein du conseil d'administration pour remettre l'organisme sur ses rails.

«Certains membres du conseil d'administration sont biaisés en faveur de la cause d'Israël», a dit M. Allmand.

M. Broadbent a aussi demandé la tenue d'une enquête publique.