Les importants travaux de rénovation des édifices du Parlement, à Ottawa, tardent à se concrétiser, parce que trop de joueurs sont impliqués dans la prise de décisions.

Or, la vérificatrice générale, Sheila Fraser sonne l'alarme: l'état de détérioration s'aggrave et pourrait entraîner la fermeture d'urgence de certains bâtiments, ce qui entraverait considérablement les travaux du parlement canadien.

Dans son plus récent rapport, déposé mardi à la Chambre des communes, Mme Fraser juge que le cadre de gouvernance actuel ne permet pas d'encadrer l'ensemble du projet de réhabilitation et limite ainsi la progression des travaux.

«La responsabilité des édifices du Parlement est partagée entre de nombreuses organisation, souligne la vérificatrice générale. Les processus de prise de décision et de reddition de comptes sont fragmentés, et il n'y a pas de consensus sur les priorités. Ces faiblesses retardent les décisions et les projets et contribuent à accroître les coûts et les risques liés aux projets.»

Sans que ces lacunes ne soient comblées, «la réhabilitation des édifices ne connaîtra que des progrès limités», ajoute-t-elle.

Cependant, les conséquences de ne rien faire pourraient être importantes. Selon les documents fournis par Travaux publics (en charge de la gestion des bâtiments), plusieurs «systèmes clés» de l'édifice de l'Ouest courent des risques importants de «défaillance complète», alors que l'édifice du Centre (où siègent les 308 députés), pourrait atteindre cet état de détérioration dans les 10 prochaines années, note le rapport.

«Si un des systèmes de ces édifices devaient connaître une défaillance, cela pourrait entraîner la fermeture pour une période prolongée pendant l'exécution des réparations d'urgence, écrit Mme Fraser. Entre-temps, le Parlement pourrait ne pas être en mesure de fonctionner ou devoir limiter ses activités.»

Les travaux à faire sont connus depuis longtemps, le Sénat et la Chambre des communes ayant déjà indiqué que, dans leur état actuel, les édifices ne peuvent pas répondre à leurs besoins présents ou futurs. La planification et l'exécution des travaux ont été élaborées au cours de 20 dernières années.

Mais le fait qu'aucune organisation n'ait l'entière responsabilité des édifices (partagée entre Travaux publics et le Parlement lui-même - avec le gouvernement qui approuve l'enveloppe budgétaire) nuit à la mise en oeuvre des rénovations.

L'absence d'un financement stable pour l'ensemble des travaux crée par ailleurs «des incertitudes et des inefficiences» dans la mise en oeuvre des différents chantiers, ce qui entraîne des retards dans les projets et qui, à terme, risque d'accroître les coûts.

La vérificatrice générale propose donc de donner la responsabilité du projet de réhabilitation au Sénat et à la Chambre des communes, qui fixeraient les priorités et négocieraient directement les budgets avec le gouvernement, sans l'implication du ministère des Travaux publics.