L'ex-premier ministre du Québec Bernard Landry affirme qu'il est déçu du comportement de Maxime Bernier, qui a déjà été l'un de ses employés au sein du gouvernement du Parti québécois.

Le député fédéral conservateur est rapidement devenu l'un des favoris des militants de son parti en raison de ses critiques concernant les fondements scientifiques des changements climatiques et les programmes sociaux québécois.

Le bruit court même que Maxime Bernier, qui a fait partie du cabinet de Stephen Harper pendant deux ans, pourrait être en train de placer ses pions en vue d'une éventuelle course à la direction du Parti conservateur.

Bernard Landry est surpris de la voie sur laquelle son ancien protégé s'est engagé.

«Pour travailler dans mon cabinet, il fallait bien sûr être indépendantiste», a déclaré M. Landry en entrevue avec La Presse Canadienne. «Ce qu'il m'a dit qu'il était et je le croyais, et je le crois toujours.»

M. Landry était ministre des Finances dans le gouvernement de Lucien Bouchard lorsqu'il a embauché Maxime Bernier, alors un jeune avocat, pour s'occuper des réformes réglementaires du secteur financier à la fin des années 90.

A la même époque, le bureau de Bernard Landry travaillait activement pour promouvoir l'idée du déséquilibre fiscal selon laquelle le Québec et les autres provinces étaient flouées par le gouvernement fédéral.

Donc, lorsque Maxime Bernier a accusé le Québec d'être beaucoup trop dépendant économiquement d'Ottawa dans un discours récent, ajoutant que «dans le reste du pays, il y a beaucoup de gens qui perçoivent les Québécois comme des enfants gâtés», son ancien patron en est resté pantois.

«J'ai été estomaqué d'entendre ses déclarations fausses et méprisantes», a révélé M. Landry, soulignant que c'était le gouvernement conservateur lui-même qui avait reconnu l'existence d'un déséquilibre et décidé de transférer des milliards aux provinces. «Il y a comme une incohérence, là.»

Bernard Landry n'est pas le premier à critiquer M. Bernier en raison des propos qu'il a tenus plus tôt en avril à Mont-Saint-Grégoire. Raymond Bachand, l'actuel ministre des Finances du Québec, a déclaré que le député conservateur faisant du «Québec bashing».

Ce discours fait partie de la tournée pancanadienne entreprise par Maxime Bernier pour redorer son blason auprès des conservateurs après avoir démissionné de son poste de ministre des Affaires étrangères en 2008 dans la foulée de l'affaire Julie Couillard.

En entrevue avec La Presse Canadienne, M. Bernier a toutefois minimisé l'importance de son ancienne allégeance indépendantiste qu'il attribue au désenchantement qui a suivi l'échec de l'Accord du lac Meech.

«Au début de ma carrière, en tant que jeune avocat, j'ai effectivement flirté avec le Parti québécois. Je ne m'en suis jamais caché», a-t-il concédé. «Je suis un gars qui veut le respect de la constitution canadienne et on a eu des gouvernements libéraux qui s'ingéraient constamment dans les champs de juridiction du Québec.»

Etonnamment, Maxime Bernier n'a pas voté oui lors du référendum de 1995 survenu cinq ans après Meech. Or, c'était avant qu'il ne commence à travailler pour Bernard Landry, qui est devenu ministre des Finances en 1996.

«Je n'ai jamais vu l'indépendance du Québec comme étant la solution à tous ses problèmes», a fait valoir le député conservateur pour expliquer son choix.

C'est seulement en 2006 que l'ancien employé de M. Landry a fait le saut en politique fédérale sous la bannière du Parti conservateur. Son ascension, qui lui a valu les postes de ministre de l'Industrie puis des Affaires étrangères, a été aussi rapide que sa chute.

Mais depuis Noël, Maxime Bernier se fait remarquer dans les milieux de droite où on le félicite d'avoir le courage de dire tout haut ce que les ministres conservateurs pensent tout bas sans oser l'exprimer en public.

M. Bernier se défend bien d'avoir l'intention de briguer la direction du Parti conservateur, comme certains le chuchotent dans les couloirs du Parlement et ailleurs. Il soutient que l'avenir des conservateurs au Québec l'intéresse davantage. Convaincu que les idées de sa formation politique pourraient trouver des adeptes dans sa province natale, il a l'intention de visiter plusieurs circonscriptions québécoises durant les prochaines semaine afin de livrer son message.

Mais Bernard Landry est sceptique quant aux chances de réussite de Maxime Bernier. «Son orientation de droite est contraire à presque toute la vie politique québécoise depuis 1960», a-t-il fait valoir.

Si l'ex-premier ministre est critique à l'endroit de M. Bernier, ce dernier n'a que de bons mots pour son ancien patron.

«J'ai travaillé avec lui pendant deux ans et je peux vous dire que j'ai un grand respect pour M. Landry», a confié Maxime Bernier, soulignant que Bernard Landry avait été le premier politicien québécois à se prononcer en faveur du libre-échange.