L'ancienne ministre du Patrimoine Hélène Scherrer a goûté à la colère des autorités mexicaines, dans la foulée de la décision du gouvernement Harper d'exiger des visas aux ressortissants mexicains, en se voyant refuser l'entrée au Mexique il y a deux semaines.

Mme Scherrer et son conjoint ont été contraints de faire demi-tour une fois arrivés aux douanes à l'aéroport de Cancun, où ils devaient passer une semaine de vacances au soleil, parce qu'elle n'avait pas de visa.

En tant qu'ancienne ministre du gouvernement libéral de Paul Martin, Mme Scherrer est membre à vie du Conseil privé et détient ainsi un passeport diplomatique de couleur verte plutôt que de couleur bleue comme les passeports réguliers.

Le gouvernement Harper a décidé d'imposer un visa aux Mexicains en juillet dernier après avoir constaté une hausse marquée de demandes de statut de réfugié de la part des ressortissants mexicains.

Les autorités mexicaines ont réagi à cette décision en exigeant aussi un visa, mais seulement pour les détenteurs de passeports diplomatiques comme les députés, les diplomates ou les anciens ministres pour ne pas nuire à l'industrie touristique.

Mais en réservant son voyage dans le Sud auprès de son agence de voyages, Mme Scherrer n'a jamais été prévenue qu'elle pourrait se voir refuser l'entrée au Mexique à cause de la couleur de son passeport.

Et une fois sur place, elle n'a pas réussi à convaincre les douaniers mexicains que son passeport était bel et bien valide. Elle n'a même pas eu le droit de communiquer avec l'ambassade du Canada à Mexico.

Les responsables de l'immigration l'ont reconduite avec son mari à l'aérogare, où ils ont dû prendre le prochain vol... une heure après avoir mis les pieds au Mexique.

«J'ai toujours circulé avec ce passeport. Je suis même allé au Mexique l'an dernier avec ce passeport. J'ai eu beau leur dire que j'étais membre du Conseil privé, cela n'a rien changé. Ils m'ont jetée dehors!» a raconté hier Mme Scherrer à La Presse.

C'est en rentrant au bercail à Québec qu'elle a compris qu'elle était victime de la guerre diplomatique entre le Canada et le Mexique. «Je suis une citoyenne ordinaire maintenant. C'est vrai que j'ai un passé politique, mais je ne fais pas partie du gouvernement», a-t-elle dit.

L'ancienne ministre déplore le fait que le gouvernement n'ait pas demandé aux agences d'informer les voyageurs de ces mesures de représailles qui s'appliquent aux détenteurs d'un passeport diplomatique. «Ce que j'ai trouvé plate, c'est que personne n'est au courant de cette situation. Ce n'est pas une directive qui semble avoir été transmise», a-t-elle dit.

4000$ à l'eau

En plus de s'être vu refuser l'entrée au Mexique, Mme Scherrer et son conjoint ont perdu 4000$ à la suite de cette mésaventure. Le couple ne peut se faire rembourser son voyage parce que ce genre d'incident n'est pas couvert par les assurances.

Mme Scherrer n'est pas la première à se faire traiter de cette manière. En février, le député néo-démocrate de Thunder Bay, Bruce Hyer, a été éconduit par les douaniers mexicains. En tout, une dizaine de Canadiens auraient ainsi été refoulés aux frontières mexicaines.