«Shut the f... up» (traduction libre : fermez votre cr...de gueule) ou sinon, le premier ministre Stephen Harper radicalisera encore plus sa position contre l'avortement, a prévenu hier la sénatrice conservatrice Nancy Ruth.

Cet avertissement, enregistré par un reporter du Toronto Star, a été lancé à un groupe de personnes qui manifestait sur la colline parlementaire contre le refus du gouvernement Harper de financer, dans les pays en voie de développement, des programmes de santé maternelle qui inclurait des avortements.

Cette question «ne touche pas la santé des femmes dans ce pays», a souligné la sénatrice ontarienne. Si les manifestants continuent sur leur lancée, tout ce qu'ils obtiendront, c'est de voir Harper se rebiffer et revoir ses positions sur l'avortement au Canada même, a-t-elle dit.

«La sénatrice Ruth doit s'excuser de son langage grossier, et le premier ministre Harper doit cesser d'intimider les groupes canadiens voués à l'aide internationale, qui ne cherchent qu'à aider les gens pauvres et défavorisés de ce monde, a dit Anita Neville, porte-parole libérale responsable de la condition féminine. C'est vraiment scandaleux.»

Andrew MacDougall, attaché de presse de Stephen Harper, a dit en entrevue à La Presse que cette déclaration faite par la sénatrice Ruth était «insensée». «On ne demande à personne de se fermer la bouche», a-t-il déclaré.

Mais au-delà de la liberté d'expression, les avertissements de la sénatrice Ruth sur la possible remise en question de l'avortement au pays sont-ils fondés ? «Le gouvernement ne veut pas rouvrir le débat sur l'avortement. On ne prépare aucun projet de loi en ce sens.»