Le gouvernement Harper a été de nouveau contraint de se défendre, hier, de vouloir rouvrir le débat sur l'avortement à la suite des propos controversés de la sénatrice conservatrice Nancy Ruth. Celle-ci a invité lundi les groupes qui demandent au Canada d'inclure l'avortement dans les programmes de santé maternelle destinés aux pays en voie de développement à se taire sous peine de nuire à leur cause.

Hier, à la Chambre des communes, les principaux ministres du gouvernement Harper se sont évertués à dire que les propos controversés de la sénatrice Ruth ne représentaient pas la position du gouvernement.

 

Lundi, devant l'Association pour les droits de la femme et le développement, la sénatrice a conseillé à ceux qui pressent le premier ministre Stephen Harper d'inclure l'avortement dans son initiative sur la santé maternelle, qui sera à l'ordre du jour de la rencontre du G8 en juin à Toronto, de se faire discrets d'ici là.

«Il reste cinq semaines d'ici au G8. (...) Fermez vos gueules d'ici là sur cette question (Shut the fuck up, en anglais). Si vous brusquez les choses, il y aura un effet de ressac. C'est devenu un enjeu politique. (...) Certaines disent que les conservateurs exportent leur idéologie dans d'autres pays. C'est peut-être le cas, mais ce n'est pas ce que fait le Canada. C'est encore un pays où l'avortement est gratuit et accessible. Faisons en sorte qu'il en reste ainsi», a dit Mme Ruth.

Les propos de la sénatrice, qui est en faveur de la liberté de choix, ont semé la consternation parmi les groupes de défense des droits des femmes, qui y ont vu une manoeuvre d'intimidation de la part des conservateurs.

Selon le critique libéral en matière d'affaires étrangères, Bob Rae, ces propos démontrent que le gouvernement conservateur ne tolère aucune critique à l'égard de ses positions. «Hélas, le modèle conservateur est très clair. C'est une culture d'intimidation qui dit clairement que, si on n'est pas d'accord avec le gouvernement, on est fini. Ne parlez pas, fermez-la», a dit M. Rae.

Le ministre des Transports, John Baird, a répondu que les propos de la sénatrice «sont complètement inacceptables». Son collègue responsable de l'Agence de développement économique pour le Québec, Denis Lebel, a ajouté: «La sénatrice Ruth ne parle pas au nom du gouvernement. Personne ne veut aborder cette question et nous ne rouvrirons pas le débat sur l'avortement.»