La bataille pour le maintien intégral du registre des armes à feu s'intensifie.

Des survivants de la tuerie à l'École polytechnique de Montréal et trois associations nationales de police sont allés à Ottawa jeudi pour affirmer que le registre est un outil précieux afin d'assurer la sécurité des gens. Ils ont aussi demandé aux députés néo-démocrates qui ont déjà voté pour son abolition dans le passé de corriger le tir.Au même moment, le Parti libéral a lancé une offensive publicitaire visant à défendre le registre et rappeler son plan pour l'améliorer.

Le gouvernement Harper a promis de mettre fin à l'obligation d'enregistrer les armes d'épaule et de chasse. En novembre dernier, une députée conservatrice du Manitoba, Candice Hoeppner, a déposé un projet de loi à cette fin. Il a été adopté en deuxième lecture grâce à l'appui de huit députés libéraux et douze députés néo-démocrates.

Le projet de loi C-391 est maintenant étudié par un comité parlementaire. Il sera par la suite ramené devant la Chambre des communes où il doit être adopté en troisième lecture avant d'être expédié au Sénat.

Ligne de parti

Le chef libéral, Michael Ignatieff, a indiqué le mois dernier qu'il compte demander à tous ses députés de voter contre le projet de loi en troisième lecture sous peine de représailles. Les défenseurs du registre doivent maintenant convaincre les députés néo-démocrates récalcitrants d'en faire autant pour maintenir le statu quo.

«Le registre national des armes à feu est un outil précieux qui aide les services de police de tout le Canada à assurer la sécurité dans nos collectivités», a affirmé le président de l'Association canadienne des policiers, Charles Momy, qui représente 41 000 policiers dans tout le pays.

Il a ajouté que les policiers utilisent quotidiennement le registre pour prévenir les incidents violents dans les maisons, les écoles et les lieux de travail.

«Abolir le registre des armes à feu va mettre la vie des policiers en danger. Il faut faire échec au projet de loi C-391», a soutenu pour sa part Carol Allison-Burra, présidente de l'Association canadienne des commissions de police.

«En 2009, 111 533 armes à feu ont été saisies par les policiers pour des raisons de sécurité ou à la suite d'une utilisation criminelle. De ce nombre, au moins 87 000 étaient des armes d'épaule», a affirmé le président de l'Association canadienne des chefs de police, William Blair, chef de police de Toronto.

Plusieurs mythes

Ce dernier a aussi affirmé qu'il existe plusieurs mythes au sujet du registre et que son coût d'exploitation annuel est de 4,1 millions de dollars, une petite somme d'argent si l'on tient compte de l'utilisation qu'en font les policiers.

Pour leur part, des survivants de la tragédie de la tuerie de Polytechnique, qui a fait 14 victimes en 1989 (toutes des femmes), ont plaidé devant le comité de la sécurité publique pour le maintien intégral du registre.

Aux Communes, jeudi, le chef libéral Michael Ignatieff a exhorté le gouvernement Harper à écouter les associations policières et les survivants de la tuerie de Polytechnique au lieu de s'entêter à abolir le registre pour les armes d'épaule.

Entre autres choses, les libéraux promettent d'imposer une amende à ceux qui oublient d'enregistrer une arme à feu au lieu de les traduire devant les tribunaux. Les frais pour un nouveau permis, un renouvellement ou un reclassement seraient abolis et l'enregistrement serait facilité, notamment par la simplification des formulaires.