Le député conservateur de Beauce Maxime Bernier a obtenu le mandat du bureau du premier ministre Stephen Harper de parcourir le Québec afin de vendre «les valeurs conservatrices».

L'ancien ministre des Affaires étrangères entreprendra cette mission dès la semaine prochaine en prononçant un discours le 13 mai à Dollard-des-Ormeaux devant une centaine de militants conservateurs venant de deux circonscriptions de la région de Montréal.

Le 13 juin, M. Bernier prononcera un discours à Trois-Rivières devant quelque 300 militants conservateurs provenant de sept circonscriptions de la région de la Mauricie. D'autres discours sont également prévus ailleurs au Québec avant la tenue de la Fête nationale.

«On va utiliser Maxime Bernier pour motiver les troupes au Québec en prévision des prochaines élections. Il va se rendre dans des circonscriptions qui pourraient être éventuellement prenables», a-t-on indiqué hier dans les rangs conservateurs.

Durant sa tournée, M. Bernier ne se gênera pas pour reprendre les grandes lignes de son discours prononcé le mois dernier en Montérégie, qui lui a valu une volée de bois vert du ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand.

Dans ce discours, M. Bernier a durement critiqué les «politiques irresponsables de la part du gouvernement du Québec qui vivent au-dessus de leurs moyens et qui nous endettent» depuis les 40 dernières années.

Il a également déploré la dépendance économique du Québec envers le reste du Canada, soulignant que la province touche 8,5 milliards de dollars en paiements de péréquation du gouvernement fédéral.

Le ministre Bachand, tout comme le Parti québécois, le Bloc québécois et le NPD, ont accusé M. Bernier de faire du «Québec bashing» en tenant de tels propos. Le bureau du premier ministre Jean Charest aurait aussi exprimé son mécontentement.

Dans son discours de la semaine prochaine, M. Bernier entend répondre aux critiques du ministre Bachand et de celles venant des autres partis politiques. «Le Québec a de gros problèmes et il faut les reconnaître et les analyser avec la tête froide si on veut leur trouver des solutions», affirmera M. Bernier dans son discours dont La Presse a obtenu une version préliminaire.

«À peu près personne n'a contesté mon diagnostic de la situation, qui se fonde sur des faits et des données concrètes. La plupart de ceux qui ont réagi négativement l'ont fait sur la base d'une émotion. Comme s'il était impossible de se critiquer, comme société, sans être considéré comme un traître.»

Comparaison avec la Grèce

Dans son discours, M. Bernier n'hésitera pas à faire un parallèle entre le poids de l'endettement du Québec et la crise qui secoue la Grèce actuellement.

Et il tournera au ridicule la cabale du chef du Bloc québécois Gilles Duceppe qui réclame davantage de paiements de péréquation du fédéral.

«M. Duceppe s'est plaint, comme il le fait depuis 20 ans, que le Québec ne recevait pas assez d'argent du fédéral. Selon lui, notre dernier budget ne redistribue pas assez d'argent au Québec et est la preuve que le fédéralisme n'est pas rentable. Bref, M. Duceppe, qui lutte pour l'indépendance du Québec, déplore que le Québec ne soit pas encore assez dépendant économiquement du reste du Canada. Il veut que le Québec reçoive encore plus d'argent, que nous soyons encore plus dépendants !»

Depuis janvier, M. Bernier a livré une série de discours un peu partout au pays qui ne sont pas passés inaperçus chez les militants conservateurs. À Calgary, en janvier, il a proposé de geler le budget fédéral à 250 milliards de dollars pour les prochaines années. À Ottawa, en mars, il a soutenu que le Québec peut être un terreau fertile pour les conservateurs s'ils respectent les particularités de la province.