Les députés fédéraux ont refusé que la vérificatrice générale du Canada examine leurs dépenses.

Le Bureau de régie interne, responsable des questions financières et administratives de la Chambre des communes, a transmis un rare communiqué, jeudi, dans lequel il a laissé savoir que les 533 millions $ en dépenses annuelles demeureront à l'abri du regard du public.

Le communiqué indiquait que la demande de la vérificatrice générale Sheila Fraser «irait au-delà de la portée de son mandat».

Sheila Fraser a demandé, il y a près d'un an, l'autorisation de jeter un coup d'oeil aux dépenses réclamées par les députés et les sénateurs.

Des examens des dépenses de politiciens à Terre-Neuve-et-Labrador, en Nouvelle-Écosse et au Royaume-Uni ont révélé au grand jour des exemples sensationnels de gaspillage et de cupidité.

Sheila Fraser a maintenu qu'elle n'entendait pas faire une chasse aux sorcières et que ses audits existaient pour améliorer la gestion.

Le Bureau de régie interne, où siègent des députés de tous les partis et qui délibèrent en secret, a indiqué qu'il y avait déjà suffisamment de mécanismes de contrôle en place.

«Toutes les vérifications de comptes dans le passé se sont conclues par des opinions d'audit sans réserve, ce qui est la situation optimale», pouvait-on lire dans le communiqué.

Les lois d'accès à l'information ne s'appliquent pas aux budgets des députés ni à leurs dépenses. Ils sont seulement sujets à des audits financiers qui ne dévoilent pas où l'argent est dépensé.

Les livres des députés n'ont pas fait l'objet d'une vérification complète depuis 1991. Et même cet exercice accompli par le vérificateur général Denis Desautels n'avait pas examiné ce que Mme Fraser propose de faire.

«Il y a une vérification financière qui est faite des états financiers de la Chambre des communes», avait déclaré Mme Fraser aux journalistes le mois dernier lors de son plus récent dépôt de vérifications.

«Je n'ai aucune inquiétude par rapport à cet audit et sur la qualité de cet audit. Il est effectué par une firme réputée (KPMG). Mais des vérifications de performance, comme celles que nous déposons aujourd'hui, sont très différentes d'un audit financier. Et nous regarderons le système et les pratiques beaucoup plus en profondeur que ne le ferait un audit financier», avait-elle expliqué.

Selon des experts indépendants sur la gestion du parlement canadien, les excès de dépenses des députés ont été éliminés peu à peu au début des années 80. Aussi, ont-ils noté, le refus actuel de permettre une vérification complète de ces dépenses va à l'encontre du but recherché parce qu'il ne fait que soulever des doutes auprès du public sur de possibles irrégularités.