Le Canada, sous la férule du gouvernement conservateur de Stephen Harper, ne mérite pas un siège au Conseil de sécurité des Nations unies, estime le Bloc québécois.

Depuis que les conservateurs sont au pouvoir, le Canada épouse des politiques en matière d'affaires étrangères qui sont aux antipodes de celles que préconise l'ONU, a affirmé hier le chef bloquiste Gilles Duceppe.

M. Duceppe a donné à titre d'exemple la dure bataille qu'a livrée le gouvernement Harper contre la mise en oeuvre du protocole de Kyoto, parrainé par l'ONU, l'opposition des conservateurs à l'adoption du la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, le refus du gouvernement de rapatrier Omar Khadr, toujours détenu à Guantánamo Bay, entre autres.

«Ce gouvernement, avec ses positions idéologiques et rétrogrades sur l'environnement ainsi que sur les droits des femmes et des autochtones, fait suffisamment de dommages ici. Il ne faudrait pas qu'il en fasse également à l'étranger. Avec une telle attitude, (...) le Canada, sous ce gouvernement, ne mérite pas un siège au Conseil de sécurité», a affirmé hier le chef bloquiste à la Chambre des communes.

En point de presse, M. Duceppe a précisé qu'il ne tient pas de tels propos parce qu'il est souverainiste, soulignant que les précédents gouvernements canadiens avaient adopté dans le passé des politiques étrangères qui reflétaient les valeurs des Québécois, a-t-il dit.

«Ce n'est pas parce qu'on est souverainistes. Dans le passé, un Québec souverain et le Canada se seraient entendus sur beaucoup de questions sous l'ère Pearson, l'ère Trudeau, l'ère Mulroney, l'ère Chrétien. Donc il ne s'agit pas de jouer à souverainiste ou pas dans ce cas-là. Il y a des valeurs universelles qui sont partagées et ce gouvernement va directement à l'encontre de ces valeurs», a dit M. Duceppe.

Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a affirmé qu'au contraire, le Canada «jouit d'une excellente réputation» à l'étranger. Il a donné en exemple le travail accompli par le Canada en Haïti à la suite du terrible tremblement de terre qui a frappé ce pays pauvre en janvier.

«Le Canada joue un rôle de leadership. Je comprends que mon ami du Bloc québécois a la mémoire courte, mais il suffit pour lui de voir l'excellent travail que nous avons fait et que nous avons accompli avec nos partenaires en Haïti pour aider ce pays à se relever» a dit M. Cannon.

Son collègue des Travaux publics, Christian Paradis, a pour sa part accusé le Bloc québécois de se livrer à du «sabotage» en tenant de tels propos.

Campagne du Canada

Le Canada mène actuellement une campagne pour convaincre certains pays de l'appuyer dans sa démarche d'obtenir un des sièges au Conseil de sécurité de l'ONU à l'automne.

Le critique libéral en matière d'affaires étrangères, Bob Rae, a pour sa part affirmé que le Canada mérite d'obtenir sa place au sein de ce prestigieux club même malgré les politiques controversées du gouvernement Harper.

«Je pense qu'en tant que bon Canadien, si mon pays est candidat pour un siège au Conseil de sécurité, je suis en faveur. Je crois qu'il est dans notre intérêt national d'être là. Cela va au-delà des questions partisanes. Si le Canada est là, cela va exiger des changements de la part du gouvernement de M. Harper parce qu'il va voir que cela ne peut marcher dans la voie où il se trouve», a dit M. Rae.

Le chef du NPD, Jack Layton, a souligné que le gouvernement Harper nuit à la crédibilité du Canada dans la course pour l'obtention de ce poste.

«C'est un poste important et le Canada doit faire une contribution en tant que membre de ce Conseil de sécurité. Mais avec l'attitude de M. Harper concernant les changements climatiques, concernant les autochtones et le désarmement nucléaire, on doit se demander quand M. Harper va prendre les positions qui vont nous donner plus de crédibilité», a-t-il dit.