L'initiative attendue de Stephen Harper sur la santé maternelle qui doit être présentée le mois prochain au sommet du G8 provoque un certain malaise au sein de la population canadienne puisqu'une majorité de citoyens s'y oppose, révèle un nouveau sondage La Presse Canadienne/Harris Décima.

Le coup de sonde indique que 58% de ses répondants ne sont pas d'accord avec l'initiative du premier ministre qui refuse de financer l'avortement légal dans les pays en voie de développement afin d'améliorer la santé des femmes et des enfants. À l'échelle internationale, de plus en plus de pays s'inquiètent également de ce plan qui exclut l'avortement.

Au Québec, le taux d'opposition à l'initiative est le même que dans l'ensemble du pays, soit de 58%, alors qu'en Ontario il est de 56%.

Au mois de mars, lorsqu'une question similaire avait été posée, 46% des personnes interrogées s'étaient dites contre la mesure. Selon la vice-présidente de la firme de sondage Harris Décima, Mega Tam, cela indique que l'idée prend du temps à faire son chemin et que les gens doivent peser le pour et le contre avant d'être décidé sur la question.

«Il semble que l'ensemble des Canadiens partagent le même sentiment, soit qu'ils veulent une politique sur la santé maternelle qui inclut le financement pour l'avortement», a ajouté Mme Tam.

Le sondage révèle également que l'opposition contre la position du gouvernement est égale chez les hommes et les femmes mais qu'elle est plus forte dans les provinces maritimes et en Colombie-Britannique qu'ailleurs au Canada.

Ainsi, environ 30% des répondants disent qu'ils appuieraient la décision du gouvernement, alors que cette proportion était de 48% au mois de mars.

M. Harper a fait de la santé des femmes et des enfants un sujet clé pour le sommet du G8 dont il est l'hôte et qui se déroulera dans six semaines dans une maison de campagne de Huntsville, en Ontario.

L'initiative du premier ministre canadien avait été saluée à l'international puisqu'il y a un consensus au sujet du fait que les femmes et les enfants des pays en voie de développement méritent davantage d'attention.

Mais celle-ci a été assombrie par un débat au pays à savoir si le Canada devrait financer l'avortement. M. Harper n'a pas fourni de réponse claire à cet égard avant la fin du mois d'avril, où il a finalement dit qu'Ottawa ne contribuerait pas à des projets liés à l'avortement mais que les autres pays du G8 étaient libres de faire ce qu'ils souhaitaient.

Le débat a dominé les discussions du G8 pendant des semaines et a culminé par une manifestation sur la Colline parlementaire où des milliers d'opposants à l'avortement, dont certains députés conservateurs, ont félicité M. Harper pour sa position.

Le sondage a été effectué auprès de 1000 personnes entre le 6 et le 9 mai. Sa marge d'erreur est de 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20.