Le premier ministre Stephen Harper a nommé jeudi au Sénat canadien le plus important contributeur à sa campagne de 2004 dans la course à la direction du Parti conservateur. 

L'homme d'affaires ontarien David Braley, qui a versé des contributions politiques totalisant 99 000 $ à Stephen Harper, au parti ainsi qu'à d'autres conservateurs au cours des six dernières années, est le plus récent partisan conservateur à être nommé à la chambre haute, pour un salaire annuel de 132 000 $.

M. Braley est président et propriétaire d'Orlick Industries, un fabricant de pièces automobiles. Il est aussi propriétaire des Argonauts de Toronto et des Lions de la Colombie-Britannique, de la Ligue canadienne de football. Il remplacera le sénateur conservateur Wilbert Keon, qui, à 75 ans, a atteint l'âge de la retraite obligatoire.

«Je me réjouis à la perspective de travailler avec M. Braley et tous les sénateurs en vue de rendre le Sénat plus démocratique, responsable et efficace», a indiqué par voie de communiqué le premier ministre Harper.

La biographie de M. Braley fournie par le cabinet du premier ministre énumère de nombreuses contributions philanthropiques -dont celle de cinq millions de dollars versée à l'Université McMaster-, mais pas les contributions au Parti conservateur.

Mais des documents dévoilés par les libéraux révèlent que M. Braley a personnellement donné 16 500 $ à la campagne de Stephen Harper dans la course à la direction de 2004. Son entreprise, Orlick Industries, a quant à elle versé 30 000 $. Ainsi, lorsque ces deux contributions sont mises ensembles, David Braley devient le plus important donateur de Stephen Harper.

M. Orlick a également donné 30 000 $ à celle qui était aussi candidate au poste de chef du Parti conservateur, Belinda Stronach, et 10 000 $ à Tony Clement, même si M. Braley ne soutenait aucune de ces deux candidatures.

M. Harper -qui a déjà promis de ne jamais nommer de sénateurs, souhaitant plutôt qu'ils soient élus- a nommé depuis un an et demi 33 conservateurs sur les 105 sièges que compte le Sénat. Parmi ceux-ci figurent le directeur de campagne du parti, Doug Finley, ainsi que le président du Fonds conservateur du Canada, Irving Gerstein.

M. Harper attend habituellement que plusieurs sièges soient libres simultanément au Sénat pour annoncer des nominations en bloc, mais au cabinet du premier ministre, on explique que trop de lois importantes doivent être adoptées avant la pause d'été et que chaque vote conservateur compte.

Le sénateur progressiste-conservateur Lowell Murray s'inquiète notamment du projet de loi «omnibus» du gouvernement sur le budget -qui, selon certains, aurait été adopté à la hâte à la Chambre des communes par des partis d'opposition désireux d'éviter le déclenchement d'élections générales anticipées. Ce volumineux projet de loi comprend des changements importants dans une multitude de secteurs, allant des évaluations environnementales à la Société canadienne des postes, en passant par la politique nucléaire.

Les détracteurs affirment que ce projet abuse du processus budgétaire en soustrayant à l'examen du public et des parlementaires des lois qui auraient normalement été présentées à la pièce. Ils souhaitent voir le Sénat séparer la loi sur le budget en plusieurs segments pour assurer un débat séparé des éléments non budgétaires.

«Les gestes du gouvernement sont injustifiables -quelque 880 pages, 24 sections, peut-être 60 statuts qui sont amendés», a déploré M. Murray lors d'une entrevue jeudi.

Le gouvernement Harper veut aussi que le Sénat adopte rapidement des modifications au régime fédéral des pardons, ainsi qu'une loi prévoyant une peine minimum pour certains crimes liés à la drogue.

Les conservateurs détiennent 51 des 105 sièges au Sénat, deux de plus que les libéraux. On compte deux sénateurs progressistes-conservateurs et trois «indépendants».

Dans un communiqué de presse, le Nouveau Parti démocratique note que le seul salaire du sénateur Braley jusqu'à sa retraite, en 2016, coûtera aux contribuables canadiens environ un million de dollars, en plus de 1,4 million pour les activités de son bureau.