Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, dénonce «l'incohérence» du gouvernement Harper sur la question de l'avortement.

Le gouvernement affirme qu'il ne veut pas rouvrir le débat sur l'avortement, a noté hier le chef libéral, mais, en même temps, il refuse de financer les programmes de santé maternelle susceptibles de fournir des services d'avortement dans les pays en voie de développement.

«Il y a un écart étrange entre la position du gouvernement: sur la scène internationale, il est contre l'avortement et, au Canada, pour l'avortement. Quelle est la position véritable du gouvernement Harper? C'est la question qu'il faut poser», a affirmé hier M. Ignatieff dans une entrevue à La Presse.

 

Le chef libéral tenait à réagir à une information publiée hier dans La Presse, selon laquelle le premier ministre Stephen Harper demanderait à tous les députés de son parti de voter contre un éventuel projet de loi qui aurait pour effet de criminaliser de nouveau l'avortement.

L'avortement est devenu un sujet brûlant depuis que le gouvernement Harper a refusé d'inclure dans son initiative pour la santé maternelle le financement de services d'avortement. Certains y ont vu une manière détournée de relancer le débat sur la question au pays.

«J'aimerais avoir une explication. Et je crois que les Canadiens et les Québécois aimeraient aussi avoir une explication. Sont-ils en faveur de l'avortement oui ou non? Sont-ils pour la liberté de choix pour les femmes? Il faut qu'ils soient cohérents pour les Canadiens. Ils ne peuvent pas avoir un double message sur cette question», a dit M. Ignatieff.

Contre le projet

Au mois d'avril, le député conservateur de Winnipeg-Sud, Rod Bruinooge, a présenté un projet de loi privé afin de rendre illégal le fait de pousser une femme à se faire avorter. M. Bruinooge, qui préside le groupe pro-vie au Parlement réunissant une trentaine de députés conservateurs et libéraux, a soutenu que son projet de loi ne changerait en rien la légalité de l'avortement au pays.

Hier, le directeur des communications de M. Harper, Dimitri Soudas, a indiqué que le premier ministre votera contre ce projet de loi privé si jamais il est mis aux voix et qu'il «recommandera fortement» à tous les députés conservateurs d'en faire autant. Pour sa part, Michael Ignatieff a indiqué qu'il n'avait pas l'intention d'imposer une discipline de parti à ses troupes parce qu'il s'agit d'une difficile question d'ordre moral.