Québec met tout son poids dans la balance pour contrer le démantèlement du registre des armes à feu. Le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, doit se rendre à Ottawa la semaine prochaine pour tenter de convaincre le gouvernement fédéral et les députés de voter contre le projet de loi qui éliminerait le registre des armes d'épaule.

La délégation québécoise exposera aux parlementaires la position du gouvernement de Jean Charest, qui est aussi celle de l'Assemblée nationale.

 

En novembre dernier, les députés québécois ont voté à l'unanimité pour une motion qui exige «le maintien intégral du registre des armes à feu, incluant l'enregistrement des armes de chasse». L'Assemblée nationale demande ainsi aux députés fédéraux «de rejeter le projet de loi C-391», présenté par une députée conservatrice, Candice Hoeppner.

Le ministre Dupuis doit témoigner jeudi devant le comité permanent de la sécurité publique et nationale, chargé d'étudier l'abrogation proposée du registre des armes d'épaule. Au mois de novembre dernier, il avait déclaré que le maintien du registre était primordial. «Lorsque les policiers ont des appels de détresse dans une résidence, ils peuvent vérifier avant tout si les habitants de cette résidence ont un permis ou possèdent une arme à feu. Tout le monde est unanime sur le fait que le registre est essentiel», avait alors dit le ministre.

L'opposition à C-391 prend de l'ampleur

Le gouvernement québécois intervient à Ottawa au moment où l'opposition au projet de loi C-391 prend de l'ampleur.

Hier, les jeunes libéraux fédéraux ont lancé une campagne pour «dénoncer l'hypocrisie des députés (conservateurs et néo-démocrates) à l'égard de la criminalité». Ils estiment, à l'instar de l'Association canadienne des chefs de police, que le registre des armes à feu contribue à assurer la sécurité de la population.

Avant son étude en comité, le projet de loi conservateur avait été adopté en deuxième lecture à la Chambre des communes grâce à l'appui de huit députés libéraux et de douze députés néo-démocrates. Mais depuis, le chef libéral, Michael Ignatieff, a fait volte-face et promis d'imposer une ligne de parti à ses députés pour qu'ils votent contre la loi. Seul le NPD de Jack Layton reste divisé sur la question. Le Bloc québécois plaide depuis longtemps en faveur du maintien intégral du registre. Dès le début de l'étude en comité, ce mois-ci, des survivants de la tuerie de Polytechnique, qui a fait 14 victimes en 1989 à Montréal, sont venus exhorter les parlementaires à rejeter le projet de loi C-391.