Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, réfléchit actuellement à un compromis acceptable pour éviter que le Québec ne voie son poids réduit dans la fédération canadienne par l'ajout de sièges à la Chambre des communes pour les provinces de l'Ouest.

La solution pourrait passer par l'attribution de quelques sièges supplémentaires au Québec. «Je ne ferme pas la porte. On va étudier en comité le projet d'ajouter des sièges. Et on va voir ce qui est possible, a dit M. Ignatieff à La Presse, cette semaine. Je crois qu'on peut faire quelque chose pour répondre aux demandes du Québec.»

 

Le projet de loi C-12, déposé ce printemps aux Communes par le gouvernement de Stephen Harper, prévoit l'attribution de 30 sièges à l'Ontario, à la Colombie-Britannique et à l'Alberta afin de refléter la croissance de leur population, plus rapide que dans les autres provinces.

Cette réforme ne prévoit aucun siège supplémentaire pour le Québec, ce qui a soulevé la colère du Bloc québécois et du NPD, qui considèrent que le poids politique de la Belle Province, qui jouit actuellement de 24,4% des sièges, ne doit pas diminuer.

Or, le projet de loi à l'étude ferait passer le nombre total de sièges de 308 à 338, mais le Québec conserverait ses 75 sièges, ce qui ramènerait sa part à 22,2%.

Le Bloc québécois suggère qu'on alloue huit sièges au Québec pour maintenir la proportion actuelle. Les libéraux, eux, pourraient proposer qu'on lui attribue deux ou trois sièges pour refléter son poids démographique: les Québécois forment 23,1% de la population canadienne.

Changements démographiques

«On va trouver un bon compromis canadien sur cette question, a souligné M. Ignatieff. La population du Canada change. La représentation à la Chambre doit refléter les changements démographiques du Canada, mais, quand même, on peut et on va garder l'influence du Québec au sein de la fédération canadienne et au sein de la Chambre des communes.

«Mais le poids du Québec dans la fédération canadienne ne doit pas se mesurer seulement au nombre de sièges à la Chambre des communes, a-t-il ajouté. Le Québec est et sera au centre de la fédération canadienne à jamais. Il y a une identité nationale, une langue, une culture, une civilisation. Il faut que ce soit respecté au sein de la fédération canadienne.»

S'alliant aux conservateurs, les libéraux avaient défait une motion du Bloc québécois, en avril dernier, qui dénonçait le projet de loi C-12.

Au bureau du ministre d'État à la réforme démocratique, Steven Fletcher, on se borne à dire que la question d'ajouter des sièges supplémentaires au Québec est pour l'instant «hypothétique».

Les députés et ministres conservateurs du Québec avaient défendu bec et ongles le projet de réforme au moment de son dépôt en Chambre. Ils arguaient qu'il importe que la carte électorale reflète davantage la réalité démographique canadienne. Le ministre Christian Paradis avait même suggéré que les Québécois devraient faire plus d'enfants s'ils veulent maintenir leur poids dans le Canada.