Le gouvernement Harper envisage de supprimer certains des allégements fiscaux accordés au secteur du pétrole et des combustibles fossiles avant même la tenue du sommet du G20 prévu le mois prochain à Toronto, a appris La Presse Canadienne.

Les dirigeants du G20, regroupant les 20 nations les plus industrialisées au monde, avaient signé une entente lors de leur sommet de Pittsburgh, l'automne dernier, afin d'éliminer les subsides accordés à l'industrie des combustibles fossiles. Cette initiative doit leur permettre de faire des économies tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.

Il est prévu que les membres du G20 soumettent un plan d'action concret à cet effet lors du sommet de Toronto, à la fin du mois de juin.

Des sources à Ottawa affirment toutefois que le gouvernement fédéral veut devancer ses partenaires. Elles précisent que de hauts responsables se penchent actuellement sur une proposition qui verrait le fédéral annoncer son intention de réduire l'aide fiscale au secteur du pétrole et du gaz naturel avant même le sommet.

Des centaines de millions de dollars de revenus fiscaux perdus annuellement sont en jeu, affirment ces sources. «Il est dans notre intérêt de le faire, alors faisons-le», a indiqué une personne proche du dossier.

Entre-temps, les négociateurs se sont mis d'accord sur la meilleure définition de ce qui constitue un subside aux combustibles fossiles. Si certains pays du G20 estimaient que seule l'aide à la consommation devait être visée, d'autres ont insisté avec succès pour que les subsides à la production soient également visés.

Puisque le Canada encourage la production de combustibles fossiles principalement via les régimes fiscaux fédéral et provinciaux, Ottawa se doit d'agir pour se tirer d'affaire, a indiqué Mark Halle, directeur à l'Institut international du développement durable (IIDD).

L'organisme, qui a son siège à Genève, s'est servi des résultats de ses travaux de recherche pour aider le G20 lors des négociations sur les allégements fiscaux accordés au secteur des combustibles fossiles.

Le gouvernement fédéral est fréquemment accusé sur la scène internationale de tirer de l'arrière en matière de politique sur le changement climatique, de sorte que certains de ses responsables sont en train de déterminer quelles sont les options qui s'offrent à Ottawa.

Compte tenu de l'attention accordée à l'économie par Stephen Harper, M. Halle ne croit pas que le premier ministre fera le saut avant les autres pays du G20.

Si Ottawa agissait de façon unilatérale sur la question des subsides aux producteurs de combustibles fossiles, «je crois que tout le monde en mourrait» d'étonnement, a-t-il dit.