La décision de ne pas financer l'avortement dans l'initiative sur la santé maternelle et infantile a été prise par «l'ensemble du gouvernement», a martelé la ministre de la Coopération internationale, Bev Oda, refusant de préciser si c'est elle qui en a décidé ainsi ou si la directive venait de plus haut.

De passage devant le comité permanent de la condition féminine, pour expliquer le projet du gouvernement conservateur en matière de santé maternelle et infantile, la ministre Oda a été bombardée de questions par l'opposition sur le refus d'Ottawa d'inclure la question de l'avortement dans son initiative, qui sera débattue à la prochaine réunion des pays du G8, en juin.

 

Le ministre a souligné que la priorité doit être donnée à la planification familiale, «pour permettre aux femmes d'espacer leurs grossesses et pour qu'elles puissent contrôler le nombre d'enfants qu'elles ont». Citant une politique de l'ONU, Mme Oda a affirmé que tous les pays concernés s'entendaient pour dire qu'«en aucun cas, l'avortement ne devrait être encouragé comme méthode de planification familiale».

«L'ACDI n'a jamais financé l'avortement», a-t-elle ajouté.

Sans pouvoir chiffrer l'initiative du gouvernement, la ministre a assuré que son financement n'empiéterait pas sur les fonds destinés aux autres projets de l'ACDI. Puisque le budget de l'aide internationale a grimpé de 8% dans la dernière année, elle estime que l'initiative pourra être financée à même cette augmentation.

Sa collègue responsable de la condition féminine, Rona Ambrose, a estimé pour sa part qu'il était «temps de se concentrer sur l'occasion historique d'aider les femmes et les enfants» plutôt que sur un débat sur l'avortement, qui constitue selon elle «une distraction». Prêchant pour l'égalité de toutes les femmes, la ministre Ambrose a toutefois jugé qu'il serait «paternaliste» d'imposer «notre vision» aux autres pays, lorsque la députée du Parti libéral Michelle Simson a relevé la contradiction entre permettre l'avortement au Canada mais refuser d'offrir le même choix aux femmes des pays en développement.

«C'est une question critique pour la réputation du Canada à l'international. Face à nos partenaires du G8 et du G20, le Canada s'éloigne de ses obligations envers les femmes», a déploré la députée du NPD, Irene Mathyssen.

Selon elle, la ministre Oda fait de la «désinformation». La députée du Bloc québécois Johanne Deschamps estime pour sa part que le gouvernement conservateur a voulu «courtiser l'électorat féminin», mais qu'il a refusé d'inclure l'avortement pour ne pas déplaire à sa base.