Le premier ministre Stephen Harper s'est dit simplement «intéressé» par la suggestion d'un comité parlementaire recommandant que les troupes canadiennes demeurent en Afghanistan après 2011 afin d'offrir de l'entraînement aux forces de sécurité afghanes.

M. Harper a été questionné à ce sujet vendredi, durant sa visite officielle à Paris. Il a répondu que sa position demeurait la même: les troupes canadiennes seront retirées d'Afghanistan en 2011, et le rôle du Canada sera ensuite limité à une mission civile et de développement.

Mais il a précisé qu'il avait écouté la proposition des députés, et a confié, en anglais: «j'ai écouté ces paroles avec un certain intérêt».

Puis, il a ajouté en français: «J'ai noté les propos, et c'est intéressant. Mais en même temps, notre position est claire, nous planifions la fin de la mission militaire en Afghanistan à la fin de 2011, comme le stipulait la résolution parlementaire de 2008, et nous compléterons la transition de cette mission en mission civile, de développement et d'aide humanitaire».

Entre temps, le commandant de l'équipe de liaison et de mentorat opérationnel en Afghanistan a indiqué que son groupe serait en mesure d'entraîner les forces de sécurité afghanes après 2011, mais que cela pourrait représenter un défi en raison du personnel requis.

Les Forces armées canadiennes devraient quitter l'Afghanistan en juillet 2011, mais des voix se sont élevées aux Nations unies (ONU) pour demander au Canada le maintien d'un petit contingent de soldats afin de continuer la mission -parfois frustrante- d'entraînement des soldats et des policiers locaux.

C'est une idée que le comité spécial sur la mission canadienne en Afghanistan souhaite étudier, a déclaré le porte-parole libéral en matière d'affaires étrangères, Bob Rae. «La porte est ouverte pour une discussion sérieuse au Canada, puis entre le Canada et l'ONU, afin de déterminer de quoi sera fait l'avenir», a dit M. Rae plus tôt cette semaine tandis que des membres du comité étaient en visite à Kandahar.

«Notre objectif a toujours été d'améliorer les capacités de la police afghane, des militaires afghans ainsi que du système judiciaire, et je crois que nous devons continuer dans cette direction», a-t-il conclu.

Le comité a passé plusieurs jours à visiter les infrastructures de Kandahar et de Kaboul, mais les détails n'ont pas été diffusés avant jeudi pour des motifs de sécurité.

Par ailleurs, le député conservateur Kevin Sorenson, président du comité, a évoqué la possibilité que le Canada joue un rôle prépondérant dans le renforcement des forces de sécurité afghanes en 2011, et après. «Nous réalisons tous que la police et les militaires afghans devront augmenter leurs capacités s'ils espèrent un jour assurer la sécurité de leur propre pays, et le Canada pourrait y jouer un rôle», a expliqué M. Sorenson.

Cet enjeu politique est périodiquement revenu sur la table du gouvernement fédéral depuis que le Parlement a adopté une motion, il y a deux ans, qui exigeait que les militaires canadiens cessent le combat en juillet 2011 et se retirent subséquemment.

Le Canada compte une cinquantaine de policiers municipaux ou de la Gendarmerie royale du Canada, ainsi que 40 policiers militaires qui supervisent la formation des policiers afghans au centre de reconstruction provincial de Kandahar. Les États-Unis ont récemment offert des mentors additionnels, et disposent aussi d'un centre d'entraînement des policiers près de la base aérienne de Kandahar.