Déjà connus comme les plus coûteux jamais organisés, les sommets du G8 et du G20 qui auront lieu à Huntsville et à Toronto à la fin du mois risquent d'accoucher d'une souris tellement leur ordre du jour a été expurgé de sujets importants, estime chef du Parti libéral, Michael Ignatieff.

M. Ignatieff a fait valoir hier à la Chambre des communes que l'ébauche du communiqué final du sommet du G8, qui a fait l'objet d'une fuite la semaine dernière, élude les questions importantes auxquelles la planète fait face, notamment celle des changements climatiques.

 

Le chef libéral craint que ces deux sommets, qui coûteront plus de 1 milliard de dollars en frais de sécurité, ne soient rien de plus qu'une coûteuse séance de photos.

«Les Canadiens ont vu une version du communiqué éventuel du G8, mais c'est un vide: aucun engagement sur la santé maternelle, rien sur les changements climatiques ni sur l'environnement. Il paraîtrait en fait que les réunions au Canada ne soient qu'une étape vers le sommet réel qui va se dérouler en Corée du Sud (en novembre). Alors pourquoi les contribuables canadiens ont-ils dépensé tant pour si peu?» a lancé M. Ignatieff.

En l'absence de Stephen Harper, c'est le ministre des Transports, John Baird, qui a répondu. Le Canada, a-t-il dit, «est très fier» d'accueillir ces deux sommets internationaux, durant lesquels la priorité absolue du gouvernement Harper sera la reprise économique mondiale.

Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a soutenu que l'ébauche qui a fait l'objet d'une fuite «n'est pas le communiqué final».

Le chef du NPD, Jack Layton, a quant à lui affirmé que l'ordre du jour du sommet est en train de «tourner en farce». «La priorité devait être l'amélioration de la santé maternelle, mais le premier ministre fait campagne pour sauver des banques qui n'ont pas besoin d'aide», a dit M. Layton. Il faisait allusion à la campagne de M. Harper pour convaincre ses homologues du G20 de ne pas imposer une taxe mondiale aux banques. Le Canada soutient qu'une telle mesure punirait injustement les banques canadiennes, qui n'ont pas eu besoin de l'aide financière du gouvernement.

Le Canada, la Chine, l'Inde et l'Australie, notamment, s'opposent à cette taxe. Les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne et l'Union européenne y sont favorables.

Selon La Presse Canadienne, le Canada, dans le communiqué qu'il présentera au G8, évite la question de l'avortement et demeure flou sur la lutte contre les changements climatiques.

Dans cette ébauche, on affirme que «des actions sont requises pour tous les facteurs affectant la santé des femmes et des enfants» et que cela «inclut les mesures visant à promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes et l'amélioration de l'éducation des femmes et des jeunes filles».

Nulle part l'avortement n'est nommé comme l'un des facteurs qui influent sur la santé des femmes. Le document souligne cependant le besoin de renforcer «la planification familiale volontaire».

Des négociations sont toujours en cours afin de déterminer combien d'argent les pays devront verser pour atteindre les objectifs de l'initiative Muskoka. Selon certaines sources de La Presse Canadienne, le Canada serait prêt à fournir 1 milliard de dollars à condition que les autres pays contribuent aussi. Mais dans l'ébauche du communiqué, le chiffre est remplacé par un «X».

Le communiqué aborde la question environnementale, mais deux sections importantes sur la lutte contre les changements climatiques y sont encadrées et vides, ce qui laisse croire que rien de concret ne pouvait être couché sur papier.

Les coûts de ces deux sommets sont en train de devenir un cauchemar pour les conservateurs, qui se targuent de gérer l'argent des contribuables avec prudence.

La chaîne Sun Media a révélé la fin de semaine dernière que le gouvernement Harper a dépensé près de 2 millions de dollars pour reproduire un lac de la région de Muskoka... au centre des congrès de Toronto, pour donner aux quelque 3000 journalistes étrangers un aperçu de la beauté de cette région touristique ontarienne.

Seulement 150 journalistes pourront se rendre à Huntsville pour le sommet du G8. Les partis de l'opposition ont sauté sur cette révélation pour accuser les conservateurs de dépenser sans compter.

La nouvelle a fait l'objet d'une dépêche de l'Associated Press et a été reprise sur le site internet de certains journaux américains, dont le Los Angeles Times.