Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador a servi une cinglante critique au gouvernement du Québec mercredi, accusant la province de nuire aux Canadiens et à l'environnement.

Les causes du mécontentement de Danny Williams ne sont pas nouvelles: il accuse Québec de bloquer le développement du projet hydroélectrique du cours inférieur du fleuve Churchill.

Mais la véhémence de ses attaques et l'endroit d'où il les a lancées portent la querelle à un tout autre niveau.

«Ce qui me choque, en tant que chef provincial, c'est l'avidité, l'arrogance (...) affichées par Québec», a lancé Danny Williams à environ 500 personnes présentes à un dîner du Canadian Club.

Le chef du Bloc québécois a traité M. Williams de mauvais perdant.

«Il a perdu, point, et le Québec fait ce qu'il a le droit de faire», a affirmé Gilles Duceppe.

Les premiers ministres terre-neuviens se plaignent depuis longtemps qu'une entente financière conclue durant les années 1960 qui a rendu possible le développement du projet hydroélectrique du cours supérieur du fleuve Churchill transfère des milliards de dollars en richesse d'une province ayant déjà été l'une des plus pauvres au pays vers le Québec.

Danny Williams, quant à lui, affirme que le Québec bloque injustement le développement du projet hydroélectrique du cours inférieur du fleuve Churchill en refusant l'accès à des lignes de transport d'électricité uniquement dans le but d'écraser la concurrence à l'avantage d'Hydro-Québec.

M. Williams a affirmé qu'une telle politique ne nuisait pas seulement qu'à sa province, mais également à l'Ontario, qui, selon lui, pourrait gagner avec la création de 80 000 emplois verts et les milliards de dollars tirés des matériaux, comme de l'acier, du ciment et de l'équipement industriel et électrique, que la province pourrait fournir pour le projet.

Danny Williams a également accusé le Québec d'être devenu un important obstacle à l'atteinte des objectifs de réduction de gaz à effet de serre du Canada, malgré les critiques formulées par Jean Charest à l'endroit du gouvernement fédéral lors de la conférence de Copenhague sur les changements climatiques.

Le premier ministre terre-neuvien estime que le projet du cours inférieur du fleuve Churchill pourrait être le plus important projet vert en Amérique du Nord, projet qui pourrait générer trois millions de mégawatts d'électricité - soit suffisamment pour alimenter 1,5 million de résidences -, tout en réduisant considérablement les émissions de gaz à effet de serre.

Le bureau du premier ministre Jean Charest a refusé de commenter la sortie de M. Williams.

Le bureau du premier ministre Jean Charest a refusé de commenter la sortie de M. Williams.

Quant à elle, la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau, a semblé prendre la chose avec un grain de sel. «Sincèrement, je ne pense pas que ce soit nécessaire d'en ajouter. C'est toujours la même chose avec Terre-Neuve, c'est tout ce que j'ai à vous dire», a-t-elle déclaré aux journalistes au terme d'une réunion du conseil des ministres.