L'ancien premier ministre Jean Chrétien croit qu'il serait dans l'intérêt du Parti libéral de fusionner ses forces avec celles du NPD afin de bâtir un parti capable de vaincre les conservateurs de Stephen Harper aux prochaines élections.

Mais M. Chrétien, qui a dirigé le Parti libéral de 1990 à 2003 et a été premier ministre pendant 10 ans, n'a guère reçu le mandat du chef libéral actuel Michael Ignatieff d'explorer cette option avec le NPD. Il en a discuté de manière informelle avec l'ancien chef du NPD Ed Broadbent, il y a quelques mois, mais ces discussions sont restées sans lendemain.

Et M. Chrétien n'a pas l'intention de brasser davantage la barque libérale afin de ne pas nuire aux chances des libéraux avant les prochaines élections, selon des informations obtenues hier de diverses sources libérales interrogées par La Presse.

Reconnu pour avoir un flair politique hors pair, M. Chrétien croit qu'une seule option s'offre aux libéraux s'ils décident d'entreprendre un dialogue avec le NPD, soit la fusion des deux partis, comme l'ont fait en 2003 l'Alliance canadienne et le Parti progressiste-conservateur pour unir la droite canadienne et créer le Parti conservateur du Canada, toujours selon des sources libérales.

Pas dans les plans

Ces mêmes sources ont tout de même tenu à affirmer qu'il n'existe aucun appétit pour entreprendre de telles négociations avec le NPD. «Il n'y a pas de discussions au sein du parti sur une fusion avec le NPD ou un accord de collaboration. Ceux qui prétendent le contraire ne savent pas de quoi ils parlent», a affirmé une de ces sources libérales.

Une autre source libérale a tenu à minimiser l'importance des informations publiées hier dans le quotidien The Toronto Star selon lesquelles toute cette affaire a créé un froid entre Jean Chrétien et Michael Ignatieff.

Les libéraux et les néo-démocrates ont passé les derniers jours à jeter de l'eau froide sur l'idée que leurs partis respectifs pourraient unir leurs forces afin de mettre fin au règne des conservateurs aux prochaines élections.

Cette idée a été propulsée à l'avant-scène de l'actualité politique après que Jean Chrétien y eut donné publiquement sa bénédiction lors de son passage à Ottawa à l'occasion du dévoilement de son portrait officiel. «Si c'est faisable, faisons-le!» a-t-il notamment déclaré dans une entrevue à la CBC.

Plusieurs libéraux qui tiennent à ce que leur parti reste fidèle à ses racines et à sa longue histoire n'hésitent tout de même pas à blâmer M. Chrétien pour avoir donné de l'importance à une option qui est écartée à l'heure actuelle par les hautes instances du parti.