Certains groupes communautaires canadiens craignent tellement de perdre le maigre financement gouvernemental qui leur est accordé qu'ils ont choisi de ne pas participer à un atelier de discussion publique sur la question, à Ottawa.

Plusieurs organismes de soutien d'importance ont vu leurs subventions réduites ces derniers mois, et leurs dirigeants affirment qu'ils ont été punis pour avoir critiqué les politiques gouvernementales.

Mais selon certains intervenants du milieu, les organisations qui continuent de recevoir de l'argent n'osent pas appuyer celles ayant été laissées de côté. Cette situation a pour effet de diviser un milieu qui a prôné la solidarité pendant bon nombre de décennies.

«J'ai l'habitude d'émettre mes opinions en public, mais je n'aurais jamais imaginé qu'un jour, au Canada, je sois gêné de m'expliquer en personne», a déclaré un intervenant qui a téléphoné à ce groupe de discussion organisé par les députés libéraux Ken Dryden et Anita Neville, lundi, mais a choisi de garder l'anonymat.

«Le sentiment est bien fondé et il s'agit d'un nouveau, et triste, développement dans les politiques canadiennes», a-t-il ajouté.

M. Dryden a dit connaître au moins un autre organisme ayant carrément refusé de participer à l'activité, parce qu'il a soumis une demande de financement qui fait toujours l'objet d'une étude de la part du gouvernement.

Le chef libéral Michael Ignatieff compare maintenant le Canada à Cuba ou à la Bulgarie.

«Nous sommes confrontés à un gouvernement qui a politisé le processus de dialogue libre au pays entre les organisations non gouvernementales et le gouvernement», a noté M. Ignatieff.

«Ce n'est pas correct et ça doit cesser.»

Bien que le gouvernement Harper soit principalement visé par les critiques, des dirigeants de groupes communautaires ont rappelé que le soutien gouvernemental envers les organisations sans but lucratif s'est continuellement érodé au fil des récentes décennies.

L'un des groupes présents au groupe de discussion, lundi, le Conseil canadien pour la coopération internationale (CCCI), pourrait se voir retirer 1,7 million $ de son budget annuel d'opérations de 2,4 millions $.

Le CCCI, un organisme regroupant 90 autres groupes de soutien, a déjà accusé le gouvernement de ne pas respecter sa propre loi en matière d'imputabilité.

Le CCCI s'est également opposé aux compressions imposées à KAIROS, un organisme qui regroupe des organisations religieuses.