Jugeant qu'il s'agit d'une arme pouvant causer des dommages irréparables, des groupes de la société civile tentent d'empêcher l'utilisation de canons à son contre les manifestants qui se rassembleront en marge du sommet du G20 à Toronto.

L'Association canadienne des libertés civiles, appuyée par le Congrès du travail du Canada, a demandé à la Cour supérieure de l'Ontario une injonction pour forcer les autorités policières à renoncer à utiliser ces appareils controversés.Les canons à son, utilisés pour la première fois pour disperser des manifestants lors du sommet du G20 à Pittsburgh, en septembre 2009, peuvent émettre des sons stridents qui dépassent les 140dB.

«L'appareil peut causer des dommages permanents au tympan, estime Nathalie Des Rosiers, directrice générale de l'Association canadienne des libertés civiles (ACLC). À Pittsburgh, il y a eu des cas documentés de gens qui ont eu des dommages auditifs. Ça peut être sérieux.»

L'ACLC juge que le canon à son devrait faire l'objet d'un processus d'examen et d'approbation en tant qu'arme, alors que les services policiers estiment qu'il s'agit plutôt d'un outil pour communiquer avec la foule.

«Nous sommes d'avis qu'il devrait y avoir une réglementation. Si ce n'est pas en vertu de la réglementation sur les armes, il doit au moins y en avoir une autre, explique Mme Des Rosiers. Le but de la réglementation pourrait être de déterminer à quelle distance les policiers doivent être, combien de temps le son doit être émis et à combien de décibels. Il y a peut-être des façons de limiter les dommages mais, en ce moment, on ne sait pas. On ne sait pas non plus quels sont les effets à long terme de l'utilisation de ces technologies.»

Le Congrès du travail du Canada a appuyé la requête en injonction, car il craint pour la santé auditive des milliers de travailleurs attendus à la manifestation «Les gens avant tout», le 26 juin, qui doit être l'une des plus importantes en marge du sommet du G20.

«Le public en général devrait aussi être inquiet parce que le canon à son, une fois déclenché, ne fait pas de distinction entre les manifestants et les touristes ou les gens qui vaquent à leurs occupations quotidiennes», souligne la responsable de l'ACLC.

La demande d'injonction sera entendue le 23 juin et l'ACLC espère que le juge se prononcera le jour même compte tenu du court délai avant le début du Sommet, le 26 juin.