À la veille de l'ouverture des sommets du G8 et G20, des groupes de femmes, des organismes de défense des droits, des membres de la société civile et des parlementaires internationaux se joignent au concert de critiques contre la décision du gouvernement Harper d'exclure la question de l'avortement de son initiative en santé maternelle et infantile.

«Aucune femme et aucun enfant ne devraient payer de sa vie les décisions idéologiques d'un seul homme: Stephen Harper», a lancé sans détour Claire Tremblay, de la Coalition spéciale pour l'égalité des femmes et les droits de la personne.En conférence de presse à Ottawa, mardi, cinq représentantes de groupes de femmes et de défense des droits reproductifs sont venues dénoncer le refus du gouvernement fédéral de financer «l'ensemble des services de santé reproductive». Elles ont notamment présenté plusieurs lettres d'appui venues de partout dans le monde.

En janvier dernier, le premier ministre Stephen Harper a annoncé en grande pompe que l'amélioration de la santé maternelle et infantile serait le projet phare du sommet du G8, dont il est l'hôte cette semaine à Muskoka.

Après des semaines de controverse sur la portée de l'initiative qui serait présentée au G8, le gouvernement a annoncé en avril, par la voix de Jim Abbott, secrétaire parlementaire de la ministre de la Coopération internationale, que la contribution du Canada à la santé maternelle et infantile «pourrait inclure la planification familiale (souvent liée à la contraception), mais n'inclurait pas le financement de l'avortement». Depuis, les critiques s'accumulent. «Ce qui m'inquiète, c'est que ce plan pour la santé maternelle et infantile va créer une génération d'orphelins, a dit Katherine McDonald, directrice d'Action Canada pour la population et le développement. Les complications liées à la grossesse et à l'accouchement sont la première cause de décès chez les filles de 15 à 19 ans dans les pays en développement.»

Mme McDonald félicite le gouvernement pour les éléments importants de l'initiative en santé maternelle et infantile, mais elle estime que le plan est incomplet.

Dans les derniers mois, le premier ministre Harper a reçu plus d'une quinzaine de lettres signées par des députés européens, des leaders africains, une centaine d'organismes internationaux et d'autres regroupements. Mais Ottawa garde le cap.

«L'enjeu important, c'est de répondre aux priorités exprimées dans les objectifs du millénaire. Cette initiative d'aider les mères et les enfants naissants, c'est un des objectifs. Le Canada en a fait une priorité. Pour atteindre ces objectifs, les pays auront la flexibilité de faire ce qu'ils veulent. Quant à nous, nous avons toujours indiqué que nous n'avions pas l'intention de rouvrir le débat sur l'avortement», a dit mardi le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon.

Selon la députée du NPD Irene Mathyssen, il est clair que la réputation du Canada comme pays de compassion est menacée à l'étranger. «Un vrai leader écoute les gens qui s'y connaissent en la matière, comme ces groupes qui font appel à lui», a-t-elle souligné.

Les porte-parole du Bloc Johanne Deschamps et Nicole Demers ont de nouveau condamné l'entêtement du premier ministre.