Richard Fadden, directeur du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), dit regretter les déclarations qu'il a faites au sujet de politiciens provinciaux et municipaux qui seraient sous l'influence d'entités étrangères, mais il ne compte pas démissionner pour autant.

Lors de son témoignage devant le comité de la Chambre des communes sur la sécurité publique, lundi, le directeur du SCRS a attribué à son manque d'expérience avec les médias et au manque d'attention les déclarations qui lui ont attiré les foudres des politiciens canadiens depuis deux semaines.Dans une récente entrevue à CBC et lors d'un discours prononcé au mois de mars au Royal Canadian Military Institute, M. Fadden avait déclaré que des ministres d'au moins deux provinces et plusieurs politiciens municipaux de la Colombie-Britannique étaient des agents de gouvernements étrangers.

Cette déclaration a fait bondir les politiciens canadiens, qui ont reproché à leur auteur, notamment, de ternir la réputation de l'ensemble de la classe politique du pays. Au parlement, lundi, des députés de tous les partis ont interrompu leur pause estivale pour aller lui demander des comptes.

M. Fadden a justifié son geste en disant qu'il avait en quelque sorte oublié qu'il y avait des caméras lorsqu'il a fait ces déclarations à Toronto devant une salle composée en majorité de militaires et de policiers.

«Je ne pense pas que j'aie manqué à mes responsabilités, a-t-il cependant ajouté. Je regrette, comme je l'ai dit, d'avoir donné des détails. Mais la sécurité nationale n'a pas été mise en danger. Les individus n'ont pas été identifiés. C'était vraiment, de ma part, un manque d'attention.»

M. Fadden a indiqué que, à son avis, il n'avait pas contrevenu à l'article 19 de la loi constituante du SCRS, qui régit ses communications publiques, puisque ses déclarations étaient restées d'ordre général et n'avaient pas révélé de renseignement de nature opérationnelle.

Invité à démissionner

Pressé de donner plus de détails sur l'identité des politiciens concernés, le directeur du SCRS s'y est refusé. Il a précisé que l'enquête de son service se poursuivait et qu'il serait en mesure de faire rapport prochainement au ministre de la Sécurité publique, Vic Toews.

Richard Fadden a expliqué qu'il avait soulevé la question de manière générale vers le mois de janvier avec la conseillère à la sécurité nationale du premier ministre du Canada, Marie-Lucie Morin.

La comparution de Richard Fadden a donné lieu à plusieurs affrontements entre le témoin et les membres du comité, plus particulièrement des députés du Bloc québécois et du NPD. Le Bloc et le NPD ont réclamé sa démission, mais il est resté de marbre et a répondu aux questions avec calme. Il a répété à plusieurs reprises qu'il regrettait d'avoir donné autant de détails et, surtout, que l'on en ait «tant discuté».

Il a enfin refusé de s'excuser auprès de la communauté chinoise du Canada. Lors de son entrevue avec le chef d'antenne de CBC, Peter Mansbridge, il a laissé entendre que ses propos pouvaient concerner le gouvernement chinois.

Le ministre Toews n'a émis qu'une brève déclaration par l'entremise d'un porte-parole: «M. Fadden a eu l'opportunité de clarifier ses commentaires et son témoignage parle pour lui-même. Le ministre ne commente pas les questions opérationnelles de sécurité du SCRS.»