Après quelques semaines de réflexion, Stephen Harper a choisi le successeur de Michaëlle Jean au poste de gouverneur général. Il s'agit de David Johnston, professeur de droit émérite, ancien recteur de l'Université McGill et actuellement président de l'Université de Waterloo.

Le premier ministre devrait confirmer cette nomination dans les prochains jours, deux semaines après qu'on eut confirmé que Michaëlle Jean deviendra l'envoyée spéciale de l'UNESCO pour Haïti dès que son mandat de gouverneure générale se terminera, à la fin du mois de septembre.

M. Johnston, âgé de 69 ans, est natif de Sudbury, dans le nord de l'Ontario. Passionné de hockey, il s'exprime aisément dans les deux langues officielles, ce à quoi tenait beaucoup Stephen Harper, a-t-on indiqué à La Presse. Des candidats intéressants ont d'ailleurs été écartés parce qu'ils n'étaient pas bilingues. C'est notamment le cas de Rick Hansen, athlète en fauteuil roulant originaire de Colombie-Britannique, célèbre depuis la tournée Man in Motion, qui l'a mené dans 34 pays et 4 continents dans les années 80.

Le nom de M. Johnston circulait déjà depuis quelques semaines dans certains médias de Toronto. La décision du premier ministre de lui confier le poste de représentant de la reine Élisabeth II ne devrait donc pas surprendre les observateurs de la scène politique à Ottawa.

M. Harper a d'ailleurs déjà fait appel aux services de M. Johnston par le passé. En 2007, le premier ministre lui avait demandé de le conseiller sur le mandat et le fonctionnement de la commission d'enquête sur les relations entre Brian Mulroney et l'homme d'affaires germano-canadien Karlheinz Schreiber. Il a remis ses recommandations en janvier 2008. La commission a été présidée par le juge Jeffrey Oliphant, qui a remis son rapport en mai après quelques mois d'audiences en 2009.

M. Johnson avait aussi été choisi pour présider les débats télévisés aux élections fédérales de 1979 et de 1984.

Fait officier de l'Ordre du Canada en 1988 et compagnon en 1997, M. Johnston est expert en droit des valeurs mobilières et en droit des technologies de l'information. Il est diplômé des universités Queen's, en Ontario, Cambridge, en Angleterre, et Harvard, aux États-Unis. En plus de l'Université de Waterloo, il a enseigné à Queen's University (Kingston), à l'University of Western Ontario (London) et à l'Université McGill (Montréal).

Il a été président fondateur de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie, président du Conseil consultatif de l'autoroute électronique du gouvernement fédéral et membre du comité directeur sur la prospérité au Canada.

En outre, il est l'auteur ou le co-auteur d'une vingtaine de livres, dont un qu'il a rédigé avec Marcel Côté en 1995 sur les conséquences financières de l'indépendance du Québec (If Quebec Goes... The Real Cost of Separation).

Lorsqu'il était étudiant à l'Université Harvard, ses talents au hockey lui ont valu d'être choisi capitaine de l'équipe universitaire. Il a même été fait membre de l'Athletic Hall of Fame de Harvard.

M. Johnston et sa femme, Sharon Johnston, ont cinq filles, dont l'une, Alexandra, travaille au bureau du premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty.

Geste sans précédent, Stephen Harper avait demandé à un comité ad hoc de mener des consultations auprès d'experts constitutionnels, de leaders politiques anciens ou actuels et d'autres «Canadiens éminents» afin de trouver le meilleur candidat pour le poste de gouverneur général.

Historiquement, le mandat d'un gouverneur général dure en moyenne cinq ans. Le premier ministre tente aussi depuis plusieurs années de respecter la tradition de l'alternance entre un francophone et un anglophone.