Les politiciens fédéraux vont devoir interrompre leurs vacances estivales pour rentrer à Ottawa et se pencher sur la question du formulaire détaillé de recensement obligatoire, mis au rancart par les conservateurs au profit d'une enquête à participation volontaire.

Tant les conservateurs que les libéraux réclament la tenue d'audiences d'urgence du Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie afin de faire état de leurs différents points de vue quant à la façon dont le recensement de 2010 devrait être mené.

Les conservateurs souhaitent que les membres du comité leur expliquent de façon plus précise leur récente décision de supprimer le long questionnaire obligatoire, habituellement envoyé à un foyer canadien sur cinq, les autres recevant le formulaire plus court.

Le long questionnaire n'est envoyé qu'à 20 pour cent de la population canadienne lors de chaque recensement, ce qui veut dire que 80 pour cent des Canadiens ne réalisent pas à quel point il est intrusif, affirme le député conservateur de Beauce, Maxime Bernier.

«Ils ne savent donc pas de quoi ils parlent. Et nous devons expliquer ce que nous avons fait et pourquoi nous l'avons fait, et nous nous servirons du comité», a déclaré M. Bernier lors d'une entrevue téléphonique, dimanche.

Les conservateurs souhaitent également que les audiences leur donnent l'occasion de mettre les libéraux dans l'embarras, a indiqué M. Bernier.

«L'opposition devra expliquer aux Canadiens pourquoi elle veut que l'État et le gouvernement du Canada connaissent plein de détails de leur vie privée. Ils (les libéraux) devront répondre à cette question», a-t-il dit.

M. Bernier a dit avoir reçu environ 1000 courriels de plainte par jour durant la dernière période de recensement, en 2006, alors qu'il était ministre de l'Industrie.

Les libéraux souhaitent la tenue d'audiences pour persuader le gouvernement qu'il garde le recensement tel quel.

«Ils adoptent cette approche vraiment stupide et prennent une décision aussi stupide. Cela revient à dire que nous allons couler ce pays parce que nous ne voulons pas nous mêler de la vie des gens», a affirmé Marc Garneau, porte-parole du Parti libéral en matière d'industrie.

Au lieu de supprimer le long questionnaire obligatoire, le gouvernement devrait montrer aux gens pourquoi leurs réponses vont demeurer strictement confidentielles, mais aussi pourquoi elles sont importantes pour comprendre les changements qui surviennent au Canada, a ajouté M. Garneau.

Sans tambour ni trompette, les conservateurs ont supprimé le long questionnaire, à la fin du mois de juin. L'opposition à cette décision a rapidement pris de l'ampleur parmi les statisticiens, les gouvernements provinciaux et municipaux, les dirigeants autochtones, les groupes d'affaires et les personnes soucieuses de protéger les droits de la minorité francophone du Canada.