Le sénateur conservateur Pierre-Hugues Boisvenu n'est pas impressionné par les dernières données du Centre canadien de la statistique juridique (CCSJ). L'ancien président, et fondateur, de l'Association des familles de personnes assassinées ou disparues critique non seulement la méthodologie mais aussi les intentions du CCSJ. «C'est comme si les criminologues ou les administrateurs du système avaient trouvé une méthode de calcul pour justifier leurs jobs, ou justifier le statu quo en matière de lois et règlements», tonne-t-il.

«Quelqu'un, quelque part, manipule les chiffres», ajoute-t-il.

Il dénonce deux méthodes de calcul: le nouvel indice de la gravité de la criminalité, introduit en 2008, et le taux de criminalité (crimes par tranche de 100 000 habitants). Cette mesure permet d'isoler la croissance démographique du nombre absolu de crimes. On peut ainsi comparer la criminalité de deux années où la population était différente.

«Le nombre d'homicides est resté relativement stable dans les 15 dernières années. En 1998, il y avait 1345 crimes avec violence par tranche de 100 000 habitants. Dix ans plus tard, c'était 1342 crimes violents par 100 000 habitants. C'est resté inchangé. Or, pendant ce temps, la population canadienne a augmenté de 20%. Si la population augmente et le taux reste le même, le crime augmente donc en nombre absolu», indique-t-il.

Même si les criminologues et les statisticiens soutiennent que le crime diminue, le sénateur n'en démord pas. «Le rapport donne l'impression qu'il y a une diminution de la criminalité mais ce n'est pas le cas. C'est inquiétant, on donne un faux sentiment de sécurité à la population.»

M. Boisvenu déplore aussi que le CCSJ ne tienne pas compte des disparitions. «Les disparitions ont augmenté de 40% dans les six dernières années mais ce n'est pas comptabilisé. Cédrika Provencher, elle n'apparaît nulle part dans leurs chiffres. Et la drogue du viol, à moins qu'il y ait agression sexuelle, elle n'est pas comptabilisée non plus.»

Le sénateur Boisvenu reste convaincu de la pertinence du projet conservateur de durcissement des peines que le gouvernement doit poursuivre à l'automne. Il entend aussi exercer des pressions auprès du CCSJ pour que ses méthodes de calcul soient changées.

«Je vais avoir des rencontres avec ces gens-là», annonce-t-il.