Outrés qu'un organisme fédéral comme la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ne respecte pas la Loi sur les langues officielles, des députés du Parti libéral et du Nouveau Parti démocratique (NPD) ont demandé au commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, de faire enquête.

Car il est «inacceptable» qu'une institution fédérale qui demande aux Canadiens de respecter la loi ne l'enfreigne à son tour, a scandé le député libéral de Bourassa, Denis Coderre, qui a envoyé une lettre à M. Fraser, mercredi, afin de se plaindre de cette situation.

«On nous demande de respecter la loi, et ils ont raison; mais respectez la Loi des langues officielles», a lancé M. Coderre à l'endroit de l'agence fédérale, en entrevue avec La Presse Canadienne, mercredi.

«Que tu sois à Québec, au Nunavut ou bien en Colombie-Britannique, il y a des francophones. On a deux langues officielles, on fait partie des peuples fondateurs», s'est-il indigné.

Confrontée à «un manque de ressources», la division de la GRC en Colombie-Britannique offrait, depuis six semaines et jusqu'à mardi, l'outil de traduction gratuit de Google aux francophones afin qu'ils puissent consulter ses communiqués aussi rapidement en français qu'en anglais.

La GRC agissait de la sorte puisque, faute de fonds, les francophones étaient autrement contraints de patienter un délai pouvant atteindre quatre semaines avant de recevoir les documents en français.

Or, la traduction automatique de Google comporte de nombreuses erreurs, rapportait Radio-Canada, lundi.

Et en vertu de la Loi sur les langues officielles, les agences fédérales - comme la GRC - doivent offrir des services aux citoyens dans les deux langues officielles au pays.

«Je trouve ça inacceptable, insultant et méprisant de se servir de ça (Google Translate). Il y a des gens qui, avec raison, quand ils lisent ça se sentent comme des citoyens de seconde classe», a déploré M. Coderre.

À l'instar de son collègue du NPD, Yvon Godin, qui a envoyé mardi une missive abondant dans le même sens à M. Fraser, le député libéral a dénoncé mercredi la solution préconisée par la GRC.

«On ne peut faire de compromis sur la qualité des services fédéraux offerts à tous les Canadiens, et ce peu importe où ils se trouvent au Canada», avait pour sa part plaidé M. Godin, par voie de communiqué, mardi.

Si l'agence fédérale a plaidé le manque de fonds pour pouvoir se procurer les services de traducteurs, M. Coderre a répliqué que la GRC s'était vue accorder des millions de dollars pour assurer la sécurité lors des sommets du G8 et du G20, en Ontario en juin, et des Jeux olympiques d'hiver de Vancouver, en février dernier.

Il est donc étonnant, poursuit le député libéral, que l'agence n'ait pu réserver quelques milliers de dollars pour des services de traduction.

Le recours de la GRC à l'outil Internet a suscité de nombreuses critiques, cette semaine, et l'agence fédérale a depuis cessé de proposer l'engin de traduction aux francophones.

Mais M. Coderre et M. Godin veulent maintenant savoir pourquoi cette solution a été mise en place et ils réclament, en outre, des réponses au gouvernement.

Au bureau du ministre responsable des Langues officielles, James Moore, on a répliqué qu'on s'attendait à ce que la Loi sur les langues officielles soit respectée, mais qu'il s'agissait d'un dossier qui relève du ministre de la Sécurité publique, Vic Toews.

Du côté de ce second ministre, on a simplement rétorqué, par courriel, que, là aussi, on s'attendait à ce que la GRC suive la loi.

Quant à savoir si le fédéral pourrait intervenir dans le dossier, les réponses concises des bureaux des ministres n'ont pas permis de trouver réponse.