Le gouvernement Harper se prépare à un affrontement avec les provinces dans les négociations visant à renouveler l'accord sur les transferts de fonds fédéraux destinés à la santé.

Depuis quelques semaines, le ministre des Finances, Jim Flaherty, multiplie les avertissements : les provinces ne pourront plus compter sur la générosité dont Ottawa a fait preuve jusqu'ici pour éponger la facture des services de santé.

Le gouvernement Harper, qui se donne jusqu'en 2014 pour éliminer le déficit (de 49 milliards de dollars en 2010-2011) sans augmenter les taxes ou les impôts, estime qu'il n'a plus les moyens financiers des belles années.

En 2004, l'ancien gouvernement libéral de Paul Martin avait conclu avec les provinces une entente sur la santé qui leur accordait 41 milliards de dollars de nouveaux fonds en 10 ans. Cette entente aura donc fait en sorte que les transferts pour la santé ont augmenté de 6% par année depuis 2004. Comme elle arrivera à échéance en 2014, les provinces, craignant le pire, souhaitent entreprendre des négociations le plus rapidement possible.

Dans son dernier budget, le gouvernement Charest a affirmé qu'il devait trouver des moyens de contenir les dépenses dans le secteur de la santé ou envisager de nouvelles sources de revenus. En 2010-2011, Québec consacrera 28 milliards de dollars au système de santé, l'équivalent de 45% des dépenses de l'État. Si rien n'est fait, ces dépenses représenteront 66% du budget du Québec dans 20 ans.

Gourmandise

Dans les coulisses, à Ottawa, on s'attend à ce que les provinces, dont la grande majorité sont aux prises avec un déficit important, fassent preuve de gourmandise dans leurs demandes, comme c'est historiquement le cas dans les négociations fédérales-provinciales.

«On ne s'attend pas à ce que les provinces se contentent d'une hausse des transferts alignée sur le taux d'inflation et la croissance de la population», a-t-on expliqué à La Presse.

Mais on entend leur faire comprendre que le rythme de croissance des dépenses en matière de santé est tout simplement insoutenable.

À la dernière rencontre des ministres des Finances, en juin, à Charlottetown, le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, et ses homologues des autres provinces ont pressé Jim Flaherty de mettre sur pied un comité fédéral-provincial afin de lancer des négociations préliminaires sur la question.

M. Flaherty a accepté mais, depuis lors, il multiplie les mises en garde au sujet des dépenses en matière de services de santé.

«Les provinces vont devoir examiner leurs budgets et trouver des moyens d'offrir des services de santé sans que les coûts explosent, a-t-il déclaré dans une entrevue accordée le 16 juillet au quotidien néo-brunswickois Telegraph-Journal. Il ne s'agit pas de réduire les dépenses en matière de services de santé. Il s'agit d'en limiter la croissance de sorte qu'elle ne dépasse pas celle du produit intérieur brut des provinces.»

M. Flaherty a aussi exhorté les provinces à suivre l'exemple du gouvernement Harper, qui, dans son dernier budget, a adopté des mesures pour réduire le rythme de croissance des dépenses dans certains ministères, en particulier le ministère de la Défense et l'Agence canadienne de développement international.

Au bureau de M. Flaherty, le porte-parole Chisolm Pothier a indiqué qu'il est trop tôt pour dire combien d'argent Ottawa est prêt à consentir aux provinces. Toutefois, il a affirmé que le gouvernement peut se féliciter de son bilan en matière de transferts aux provinces.

«Contrairement au gouvernement précédent, nous avons réglé le dossier du déséquilibre fiscal. Et nous n'allons pas éliminer le déficit fédéral en coupant les vivres aux provinces pour l'éducation et la santé», a-t-il dit.

Les premiers ministres des provinces pourraient aborder cette question durant la réunion annuelle du Conseil de la fédération, qui a lieu à Winnipeg jusqu'au 6 août.