Les premiers ministres provinciaux et territoriaux du pays s'entendent pour dire que les Canadiens ont besoin d'eau propre, de logements décents et de pensions adéquates, mais ils sont moins unis sur les questions touchant à l'économie, la manière de combattre les changements climatiques ou encore à savoir si les citoyens devraient remplir le formulaire détaillé du recensement.

Ces derniers étaient réunis depuis jeudi, à Winnipeg, dans le cadre de leur rendez-vous annuel du Conseil de la fédération.

L'entente pour la mise en vigueur d'une charte sur l'eau a été saluée par les environnementalistes à la suite des promesses visant à mettre sur pied des mesures pour une meilleure conservation de cette ressource. Toutefois, il n'y a pas eu de consensus au sujet de la manière dont il faut combattre les changements climatiques.

Le premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty, a affirmé qu'il continuerait à travailler avec le Québec, le Manitoba et la Colombie-Britannique pour parvenir à un système d'échange de droits d'émission de gaz à effet de serre.

Les quatre provinces ont fait front commun pour qu'un tel système représente la meilleure façon de combattre les émissions qui causent le réchauffement climatique. Mais l'Alberta et la Saskatchewan ont plutôt opté pour une technologie dispendieuse comme solution contre la pollution.

Entente en santé

Les premiers ministres ont conclu d'une seule voix qu'ils allaient travailler ensemble pour diminuer les coûts des soins de santé.

Le premier ministre du Manitoba, Greg Selinger, a affirmé que cela signifiait qu'ils mettraient en commun leur pouvoir d'achat pour faire l'acquisition de médicaments, d'équipements et de technologies à des prix moins élevés.

Son homologue de l'Ontario, Dalton McGuinty, s'est quant à lui servi d'une analogie militaire pour expliquer qu'en faisant des économies, les provinces disposeraient d'un levier pour obtenir plus d'argent du gouvernement fédéral. Selon lui,  les provinces avaient besoin de sortir des tranchées et d'occuper les «hauts commandements» dans la bataille avec Ottawa pour le financement des soins de santé. La meilleure façon de le faire était de démontrer clairement l'application de ces règles.

Quant au premier ministre du Québec,  Jean Charest, il s'est dit encouragé par les propos récemment tenus par le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, concernant une hausse du financement des soins de santé pour garder le rythme avec la demande. «Nous sommes au début de la négociation. Ce sera difficile, a-t-il affirmé. Je n'ai aucun doute à cet effet, mais nous nous attendons à parvenir au bon résultat dans un esprit de partenariat avec le gouvernement fédéral.»

L'économie a occupé un rôle important lors de la rencontre de deux jours, mais les premiers ministres n'avaient rien de neuf dans ce dossier, si ce n'est que le Canada a perdu 139 000 emplois à temps plein le mois dernier.

Le plan de relance économique de 47 milliards $ introduit par le gouvernement fédéral en janvier 2009 devrait venir à échéance au printemps prochain. Mais le premier ministre du Canada Stephen Harper a affirmé vendredi qu'il ne voyait pas le besoin, pour le moment, d'injecter de nouvelles sommes. Il a néanmoins ajouté que le gouvernement surveillait la situation.

Pas de consensus sur le recensement

Le premier ministre manitobain, Greg Selinger a affirmé qu'après une courte discussion au sujet du plan d'Ottawa d'abolir le formulaire détaillé du rencensement, les premiers ministres ne se sont pas entendus sur la question.

Mais plus tôt au cours de la journée, le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Shawn Graham, a affirmé que la seule province officiellement bilingue au pays avait besoin des données que le formulaire détaillé du recensement fournit.

Il a souligné que sa province dépendait des informations obtenues grâce au formulaire détaillé du recensement pour l'aider à fournir des services en français et en anglais à ses citoyens.

Et sur le commerce, les premiers ministres se sont entendus pour dire qu'ils voulaient qu'Ottawa travaille plus fort afin de ne pas mettre tous ses oeufs dans le panier américain.

Un échec, selon le Parti québécois

À Québec, l'opposition officielle a fait un constat d'échec de la rencontre annuelle du Conseil de la fédération.

Dans l'ensemble, le porte-parole péquiste en matière d'Affaires intergouvernementales, Alexandre Cloutier, a dit juger que le premier ministre Jean Charest faisait fausse route en tentant de rallier les autres premiers ministres provinciaux, au lieu de négocier directement avec le gouvernement fédéral.

Sur la question du financement de la santé, M. Cloutier estime que M. Charest devrait exiger du gouvernement fédéral «le rapatriement des points d'impôt nécessaires pour que le Québec assume seul la totalité des coûts en matière de santé, sans avoir à quêter continuellement l'argent à Ottawa».

M. Cloutier fait valoir que l'ensemble des litiges entre Québec et Ottawa s'élève à huit milliards $ et que le premier ministre doit, selon lui, «négocier de nation à nation avec le Canada», au lieu de chercher des alliances avec ses homologues provinciaux.