Le ministre du Patrimoine, James Moore, préfère lire le rapport avant de se prononcer sur les conclusions du Commissariat aux langues officielles sur la place du français à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Vancouver.

Le commissaire, Graham Fraser, a conclu dans un rapport préliminaire que les 38 plaintes qu'il a reçues au sujet du déséquilibre entre les deux langues officielles étaient fondées.

Hier, le ministre Moore n'a réagi que par l'entremise d'un porte-parole. «Nous allons prendre connaissance du rapport et continuerons à travailler avec le commissaire afin de soutenir les deux langues officielles du Canada», a-t-il déclaré.

Dans son rapport, Graham Fraser a noté que l'hymne national ainsi que la présentation des artistes et des athlètes, notamment, avaient eu lieu en français et en anglais. «Hormis ces segments, a-t-il toutefois observé, l'anglais a largement sinon totalement dominé la partie culturelle du spectacle.» Il a cité l'exemple d'un poème de François-Xavier Garneau, lu en anglais par Donald Sutherland.

Le commissaire donne peu de crédit aux justifications des organisateurs, qui ont affirmé avoir accordé 25% au contenu francophone. En effet, on a comptabilisé dans ces 25% la présence de tout artiste du Québec, comme «un break-dancer de Montréal faisant partie d'une chorégraphie», a noté le commissaire. «Le COVAN a également précisé que tout ce qui provenait du Québec, francophone ou anglophone, était considéré comme contenu francophone, en spécifiant que Leonard Cohen est un artiste du Québec», a-t-il ajouté.

Les attentes en matière de représentation des deux langues officielles étaient «bien définies», a conclu M. Fraser, mais «la commande n'a été que très partiellement satisfaite».

Le gouvernement fédéral n'était pas responsable de l'organisation de la cérémonie, mais il a fourni une aide financière de 20 millions de dollars.

Le rapport lui recommande d'inclure dorénavant des «clauses linguistiques plus précises» dans ses accords de contribution et de veiller à ce que les résultats soient au rendez-vous.

C'est la Ligue québécoise contre la francophobie canadienne, l'un des plaignants en l'occurrence, qui a pris l'initiative de rendre public ce document préliminaire qu'on lui avait transmis à des fins de commentaires.

«La Ligue estime que ce rapport est dévastateur», a déclaré son porte-parole, Gilles Rhéaume, par voie de communiqué.

«Encore une fois, le Canada n'a pas rendu la monnaie de leurs pièces aux Québécois, aux Canadiens-français et aux Acadiens, en niant, lors du tristement célèbre spectacle de Vancouver, la langue et la culture françaises.»