Le maintien intégral du registre des armes à feu repose entre les mains des députés du NPD de Jack Layton.

Un vote crucial doit avoir lieu à la Chambre des communes le 22 septembre sur une motion du député libéral Mark Holland qui vise à tuer le projet de loi privé C-391. Présenté par la députée conservatrice Candice Heoppner, ce projet de loi propose d'abolir l'obligation d'enregistrer les armes d'épaule comme les fusils de chasse, une promesse de longue date des conservateurs.

Le projet de loi avait été adopté en deuxième lecture, au mois de novembre dernier, grâce à l'appui de huit députés libéraux et de 12 néo-démocrates, soit le tiers du caucus du NPD. Si la motion du député Holland est rejetée, un vote définitif aura lieu plus tard sur le projet de loi de Mme Heoppner.

Or, le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a depuis annoncé qu'il obligera ses députés à voter pour le maintien du registre des armes à feu, très populaire au Québec. L'issue du vote est donc entre les mains du NPD.

Au NPD, on continue de dire que les députés seront libres de voter selon leur conscience, comme c'est toujours le cas lorsqu'il s'agit d'un projet de loi privé. «C'est une tradition au NPD et nous allons la respecter», a-t-on indiqué mardi sur un ton qui trahissait quand même un certain malaise.

Les conservateurs, qui détiennent 144 sièges aux Communes, ont besoin de l'appui d'une dizaine de députés pour faire adopter le projet de loi de Mme Heoppner.

En privé, les libéraux se frottent les mains à l'idée de voir le NPD se déchirer sur cette question. Ils prévoient d'ailleurs utiliser ce dossier pour attaquer le NPD au Québec. «Nous avons réussi à unir nos troupes sur le maintien du registre des armes à feu. L'avenir du registre dépend des néo-démocrates. Si jamais ils permettent aux conservateurs de faire adopter le projet de loi, nous allons les démolir sur cette question, en particulier au Québec», a affirmé une source libérale sous le couvert de l'anonymat.

Les libéraux souhaitent à tout prix reprendre la circonscription d'Outremont, actuellement détenue par le redoutable député néo-démocrate Thomas Mulcair. C'est l'ancien ministre de la Justice Martin Cauchon qui doit tenter de reprendre cet ancien bastion libéral. Les résultats du vote sur la motion de M. Holland pourraient lui donner d'importantes munitions pour attaquer M. Mulcair, reconnu pour ses qualités d'orateur.

Au printemps, les libéraux ont réussi à faire l'unanimité sur cette question, qui oppose souvent les députés des régions rurales aux députés des grands centres urbains.

M. Ignatieff a proposé d'annuler les frais d'enregistrement ou de renouvellement, de simplifier les formalités et de mettre à l'amende ceux qui oublient d'enregistrer une arme pour la première fois plutôt de porter une accusation criminelle, comme c'est le cas actuellement. Ces changements sont toujours appuyés par les députés récalcitrants, a-t-on assuré mardi.

Pour le Bloc québécois, le maintien intégral du registre des armes à feu «est fondamental», a affirmé mardi la députée bloquiste Maria Mourani, parce qu'il permet de sauver des vies.

Réunis à Edmonton cette semaine, les membres de l'Association canadienne des chefs de police ont réitéré leur appui au registre des armes à feu. Les chefs de police comptent d'ailleurs lancer une vaste offensive en faveur du maintien du registre, notamment auprès des députés «abolitionnistes».

Les policiers du pays consultent le registre environ 11 000 fois par jour.