La campagne de persuasion que mène le chef du NPD, Jack Layton, auprès de certains de ses députés qui réclament l'abolition du registre des armes à feu commence à porter des fruits. Mais M. Layton demeure engagé dans une course contre la montre pour éviter que son parti soit tenu responsable de la disparition de cet outil fréquemment utilisé par les corps policiers au pays.

Mardi, un deuxième député du NPD, Glenn Thibeault, de Sudbury, a annoncé qu'il changeait de camp et qu'il voterait contre toute mesure visant à démanteler le registre des armes à feu. La semaine dernière, son collègue de Timmins-Baie-James, Charlie Angus, a aussi indiqué qu'il appuyait maintenant les changements proposés par son chef au registre des armes à feu.

Ces deux députés faisaient partie de la douzaine d'élus néo-démocrates qui ont appuyé en novembre dernier le projet de loi privé C-391 de la députée conservatrice Candice Hoeppner. Ce projet de loi vise à abolir l'obligation d'enregistrer les armes d'épaule, une promesse de longue date des conservateurs.

Les stratèges du NPD ont affirmé mardi que M. Layton continuera sa croisade auprès de ses collègues, notamment à l'occasion du caucus du parti à Regina les 13 et 14 septembre. L'objectif est de convaincre au moins la moitié des députés récalcitrants de changer de camp. Ils affirment que d'autres députés devraient emboîter le pas à M. Thibeault.

«Je me suis fait élire pour rendre notre collectivité plus sécuritaire et plus forte et non pas pour la diviser», a déclaré M. Thibeault dans un communiqué de presse mardi. «C'est la raison pour laquelle je me range aux côtés de Jack Layton et non pas de Stephen Harper pour ce qui est du registre des armes d'épaule. Nous devons trouver une solution qui unifie les citoyens des régions rurales et urbaines et, jusqu'à présent, Jack Layton est le seul à vouloir montrer la voie.»

Le projet de loi C-391 avait pu être adopté en deuxième lecture en novembre grâce à l'appui des 12 députés du NPD et de 8 députés libéraux. Mais, depuis ce vote, le chef libéral, Michael Ignatieff, a décidé d'imposer la ligne de parti en faveur du maintien du registre. Le sort du registre repose donc entre les mains des troupes de Jack Layton. Le NPD a toujours permis un vote libre à ses députés quand il s'agit d'un projet de loi privé.

Mardi, les libéraux ont d'ailleurs intensifié la pression sur les députés du NPD pour qu'ils votent de manière à sauver le registre. Ils ont lancé une pétition en ligne en faveur du maintien du registre, et des députés vont entreprendre une tournée de plusieurs villes pour inviter la population canadienne à inonder les troupes de Jack Layton d'appels et de courriels.

La semaine dernière, M. Layton a indiqué que son parti déposera un projet de loi privé à la reprise des travaux parlementaires, le 20 septembre, qui prévoirait la mise à l'amende de ceux qui oublient d'enregistrer une arme plutôt que des accusations criminelles comme c'est le cas actuellement.

En outre, ce projet de loi annulerait les frais d'enregistrement, protégerait les droits des autochtones reconnus dans les traités et respecterait davantage le droit à la vie privée des propriétaires d'arme à feu.

Mais, avant de débattre des changements proposés par le NPD, les députés seront appelés à voter le 22 septembre sur une motion du libéral Mark Holland visant à faire échouer le projet de loi de Mme Hoeppner. Si la motion du député Holland est rejetée, un vote final aura lieu plus tard sur le projet de loi de la députée. Le vote sur cette motion risque d'être très serré.

Depuis le dernier vote, deux députés favorables au registre (la néo-démocrate Judy Wasylycia-Leis et le libéral Maurizio Bevilacqua) ont démissionné. Un député bloquiste, Jean-Yves Roy, également favorable au registre, pourrait aussi démissionner avant la rentrée parlementaire du 20 septembre.

Un député conservateur, Inky Mark, a également tiré sa révérence récemment.

Ainsi, les conservateurs sont assurés d'au moins 145 voix (143 députés conservateurs et 2 députés indépendants). Les libéraux détiennent 76 sièges, le Bloc québécois 48 sièges et le NPD 36 sièges.

Compte tenu des récentes démissions, le chiffre magique pour être majoritaire aux Communes est de 152 voix. Les conservateurs ont donc besoin de l'appui de sept députés du NPD pour faire adopter le projet de loi de Mme Hoeppner.

À Winnipeg, le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a soutenu que l'heure des discussions sur le maintien du registre était terminée. Il a ajouté que ce programme demeure coûteux et inefficace. «Notre gouvernement a été très clair à ce sujet. Le temps des discussions est terminé», a-t-il dit.