Après avoir sauvé le registre des armes d'épaule, l'opposition tentera de faire de même pour le formulaire détaillé obligatoire du recensement.

Les libéraux fédéraux doivent présenter un projet de loi d'initiative parlementaire visant à inscrire le formulaire détaillé dans la Loi sur la statistique.

Actuellement, la Loi fait seulement référence à l'obligation de tenir un recensement tous les cinq ans.

Les conservateurs ont éliminé en juin le formulaire détaillé obligatoire pour le remplacer par un formulaire à caractère volontaire. Ils ont fait valoir que plusieurs Canadiens jugent intrusifs le formulaire détaillé, et s'objectent aux menaces de sanctions contre ceux qui ne le rempliraient pas.

Les chefs du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jack Layton, et du Bloc québécois, Gilles Duceppe, ont indiqué qu'ils appuieraient un projet de loi sur le retour du formulaire détaillé obligatoire.

Le projet de loi libéral prévoirait également la disparition des peines de prison pour les gens qui ne remplissent pas le formulaire, mais conserverait l'amende maximum de 500$.

«Il s'agit pratiquement d'un pacte sacré que nous avons avec la société civile pour qu'ils obtiennent l'information dont ils ont besoin, et qu'il s'agisse de la Banque du Canada, de représentants de la santé publique, ou de la Fédération canadienne des entreprises indépendantes, les gens comptent sur cette information, et il doit s'agir de données comparables à celles des recensements précédents», a déclaré la libérale Carolyn Bennett, la députée qui déposera le projet de loi.

«Si, tout d'un coup, la méthodologie change, peu importe les modifications qu'ils affirment pouvoir apporter pour améliorer le questionnaire volontaire, il n'y a aucune façon d'obtenir des données de qualité.»

L'abolition du caractère obligatoire du formulaire détaillé a mené à un ensemble de critiques négatives d'une grande variété d'opposants au changement, incluant des groupes religieux, d'importants organismes de charité, la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, des statisticiens et des professeurs. Plusieurs provinces et d'importantes villes ont également décrié le geste, indiquant que la perte de données nuirait au développement de politiques.

L'ancien statisticien en chef Munir Sheik a démissionné dans la foulée de la décision gouvernementale, incapable d'appuyer la position des conservateurs selon laquelle le questionnaire volontaire allait adéquatement remplacer le formulaire obligatoire.

Le ministre de l'Industrie, Tony Clement, réaffirmé la position de son gouvernement au cours de la période de questions jeudi.

«Nous travaillons de façon raisonnable et juste pour atteindre un équilibre entre la nécessité d'obtenir des données et l'idée que nous ne devrions pas obliger ou forcer nos citoyens qui pourraient s'opposer consciencieusement à fournir des informations personnelles aux représentants du gouvernement», a déclaré le ministre.

La députée Bennett estime qu'il est encore temps d'agir avant le prochain recensement, prévu pour mai 2011.

Les libéraux croient également qu'il n'y aura pas d'obstacles pour ralentir le projet de loi pendant qu'il suivra le processus parlementaire.

Les projets de loi qui impliquent la dépense d'argent public doivent être présenté par le gouvernement, mais Mme Bennett souligne que rétablir le caractère obligatoire du formulaire détaillé pourrait éventuellement économiser de l'argent. Elle a ajouté qu'Ottawa dépense au moins 30 millions $ sur les questionnaires court et détaillé pour l'envoyer à plus de foyers afin d'encourager les gens à y répondre.