Le Bloc québécois presse le gouvernement Harper de cesser de s'acharner à vouloir abolir le registre des armes d'épaule après qu'une majorité de députés eut voté mercredi en faveur du maintien de cet outil utilisé par les corps policiers du pays.

Le chef bloquiste Gilles Duceppe a fait valoir hier à la Chambre des communes que le premier ministre Stephen Harper avait l'obligation de respecter la décision prise par une majorité des élus après des semaines de débats houleux.

Quelques minutes après le vote serré de 153 à 151 en faveur du maintien intégral du registre, M. Harper a affirmé que son parti comptait poursuivre la bataille jusqu'à ce que la section du registre pour les armes d'épaules soit abolie.

«Alors qu'il était dans l'opposition, le premier ministre a dénoncé à maintes reprises le gouvernement libéral de l'époque qui ne respectait pas la volonté de la Chambre. Or, la déclaration que le premier ministre a faite après le vote va dans le sens contraire. Il n'a pas l'intention de respecter la volonté de la majorité des députés», s'est insurgé M. Duceppe.

M. Duceppe a aussi demandé à ce que le gouvernement Harper cesse d'accorder une amnistie aux propriétaires d'armes d'épaule qui n'enregistrent pas leurs armes comme il le fait depuis trois ans. Selon lui, cette tactique va à l'encontre de la loi et mine l'intégrité du registre des armes à feu.

En l'absence du premier ministre, qui se trouvait hier à New York pour prononcer un discours devant l'ONU, le ministre des Ressources naturelles, Christian Paradis, a réitéré que les conservateurs reviendront éventuellement à la charge dans ce dossier.

Cette question, qui divise les députés à la Chambre des communes depuis 15 ans, risque donc d'être un des enjeux importants de la prochaine campagne électorale.

Pour que les conservateurs puissent revenir à la charge, le premier ministre devrait soit proroger le Parlement et lancer une nouvelle session parlementaire ou encore déclencher des élections générales.

«C'est un engagement électoral de notre parti qui a été pris en 2006, qui a été pris en 2008. On veut l'abolition du registre d'armes d'épaule. Ce à quoi on s'oppose, c'est de criminaliser des honnêtes chasseurs, des honnêtes agriculteurs pour ne pas avoir enregistré leurs armes d'épaule. Point à la ligne! On ne s'oppose pas à la réglementation des armes à feu en général. On a dit qu'on abolirait le registre des armes d'épaule et on continuera le travail pour l'abolir, purement et simplement», a affirmé M. Paradis.

Le député libéral Bob Rae a aussi exhorté les conservateurs à se plier à la volonté de la majorité aux Communes et à écouter les experts au pays, notamment les chefs de police, qui souhaitent le maintien du registre.

«Si on doit enregistrer son chien, si on doit enregistrer son chat, si on peut enregistrer sa voiture, cela ne devrait pas être compliqué d'enregistrer une arme à feu», a dit M. Rae.